Dans une interview accordée à guinee360.com, la présidente de l’Association des Guinéens de Rhône-Alpes, Diallo Aissatou, est revenue sur les difficultés auxquelles ses six mille compatriotes vivant à Lyon (au sud, troisième ville française) sont confrontés. Elle a également expliqué la vie associative des Guinéens dans cette partie de la France et les activités qu’elle y mène. Lisez !
Guinee360.com : Combien de Guinéens vivent aujourd’hui sur le territoire français particulièrement à Lyon ?
Aïssatou Diallo : Lyon et ses alentours, c’est-à-dire Grenoble, Saint-Etienne, Annecy, Saint Priest, Vénissieux, Bron et les autres villes, nous sommes à peu près 6000 Guinéens.
Comment êtes-vous organisés ?
On est organisé par association, par affinité, par centre d’intérêt social, par localité, par copinage. Nous avons toutes ces structures associatives. Mais l’association mère est : la CGRA (Communauté guinéenne de Rhône-Alpes). On travaille avec l’ambassade de Guinée à Paris dans le cadre des élections présidentielles, nos démarches administratives : passeports, cartes consulaires…) Durant la fête consulaire organisée par la ville de Lyon, nous tenons le stand pour accueillir la population guinéenne du Rhône-Alpes, les membres de l’ambassade et les membres du ministère de la culture de Guinée. La CGRA est considérée comme l’association mère, car elle représente tous les guinéens sans distinction.
Est-ce que les Guinéens sont organisés dans toutes les grandes villes de France ?
Oui ! On est champion dans la création d’association de tout genre, surtout nous les femmes. Pour l’agglomération lyonnaise, on peut compter au moins 100 associations guinéennes.
Est-ce qu’il y a une coordination entre les différentes associations ?
A ma connaissance, il n’y pas de coordination entre les associations ici. J’ai appris qu’à Paris, il y une fédération des associations guinéennes. Cependant, nous ne nous y sommes pas fédérées.
Comment faites-vous pour identifier les Guinéens qui sont là ?
Il y a deux voix qui s’offrent à nous. Quant il s’agit de refaire les documents à Paris et quand il y a des élections qui font qu’on peut savoir combien de Guinéens sont là. Et quand on se retrouve dans les fêtes, on essaie de récupérer des numéros de téléphone des gens. D’autres aussi viennent s’inscrire directement. C’est comme ça qu’on les recense. La France donne aussi des statistiques des Guinéens qu’elle a accueillis. Il y a la préfecture qui peut nous donner les statistiques des personnes légalement établies.
Que faites-vous pour les compatriotes qui ont des problèmes de papiers ?
Vous le savez, aujourd’hui il y a beaucoup de Guinéens qui arrivent par la mer. Et tous ceux-ci, je ne l’ai pas encore vu. Mais il est possible que je rencontre quelques-uns dans la rue parce qu’on les entend parler soit Poular, Soussou ou Maninka. Et à Lyon, on a des quartiers qu’on appelle la Guillotière où on peut les trouver aussi. Comme je suis la présidente, souvent je vais vers eux pour échanger, prendre leur contact et leur dire s’ils ont besoin de renseignements, d’aide de ne pas hésiter de m’appeler. Je n’ai aucun pouvoir au niveau étatique. Mais, j’ai un pouvoir dans la commune.
Est-ce que vous travaillez en étroite collaboration avec l’ambassade de Guinée en France ?
Quand ils ont besoin de faire des élections, ils nous contactent. C’est nous qui trouvons les bureaux de vote avec les partis politiques. Et quand on a aussi besoin de documents, on peut aller pour trois à quatre personnes à l’ambassade comme on a le titre de représentant de l’association mère. Donc, l’ambassade nous facilite aussi les tâches. Maintenant, tout se fait en ligne.
Est-ce que vous recevez des invitations à travers l’Ambassade lorsqu’une personnalité publique guinéenne est en France ?
Pas à ma connaissance ! Ce qui est sûr et certain, l’ancien ambassadeur de la Guinée, Amara Camara, paix à son âme, est arrivé à Lyon, on l’a accueilli. Et quand les fêtes consulaires arrivent aussi, on nous contacte pour participer à ce regroupement des Guinéens. Et on reçoit les ministres, surtout celui de la culture avec son équipe. Mais, c’est la ville de Lyon qui invite l’ambassade et le ministère. A part ça, rien. Mais, nous sommes invités, par exemple, à l’événement du 2 octobre. Je pense que le prochain sera à Genève.
Êtes-vous en collaboration avec les autres associations à travers l’Europe ?
Non, pas du tout. J’ai appris qu’il y a une fédération des associations à Paris à laquelle je ne fais pas partie.
Quelles sont les difficultés auxquelles les Guinéens sont confrontés ?
Il y plusieurs difficultés auxquelles nous ne pourrions pas répondre, car nous n’avons pas un pouvoir étatique. Parmi ces difficultés, il y a le problème de logement, travail, et l’obtention de documents à notre ambassade de Paris. Deux problèmes majeurs doivent êtres regardés de près par notre gouvernement : le cas des étudiants et le cas des immigrants guinéens arrivés par voie maritime.
Est-ce qu’il y a des dispositions que vous avez prises pour accompagner ceux qui rencontrent des difficultés ?
Nous sommes souvent confrontés à des demandes de logements par les jeunes couples, nouveaux arrivants et étudiants. La seule façon d’apporter notre assistance est l’écoute. En donnant les informations et les conseils pour faciliter les démarches à suivre même si cela ne garantit pas l’obtention du logement. Pour les personnes sans papier, nous les dirigeons vers les services sociaux et leur donnons le numéro 115 pour être assister dans l’immédiat.