Lors de son intervention dans l’émission “Afrique” sur TV5 Monde le samedi 19 août 2023, le Premier ministre, Bernard Goumou, a fait des affirmations non étayées concernant des cas présumés de “viol” survenus pendant les manifestations, justifiant ainsi l’interdiction des manifestations de rue.
Il est important de souligner que le Premier ministre, Bernard Goumou, a avancé des propos sans fournir de preuves concrètes, en affirmant qu’il y a eu des cas de viol lors des manifestations en Guinée.
Ces allégations ont été énoncées pour justifier la décision de restreindre les rassemblements publics: «En Guinée, la manifestation est synonyme de violences. Imaginez-vous que quand les manifestants sortent dans les rues, ils caillassent les biens publics, s’attaquent aux biens privés, il y a des cas de viol, ils blessent les forces de sécurité. Pour pouvoir maîtriser cela, nous avons dit qu’il n’y a pas de manifestation. Mais tous les partis politiques et les organisations de la société civile peuvent manifester au sein de leur siège».
Depuis la prise de pouvoir par le CNRD le 5 septembre 2021, plusieurs manifestations ont eu lieu à Conakry et dans le reste du pays.
La première manifestation a eu lieu de manière spontanée le mercredi 1er juin 2022, sur la route Leprince, suite à l’annonce de l’augmentation du prix du carburant. À cette occasion, Thierno Mamadou Diallo a été tué par balle à Hamdallaye. L’auteur des faits, l’adjudant Moriba Camara, a été jugé et condamné.
Le FNDC a organisé sa première manifestation sous le CNRD le 28 juillet 2022. Selon les organisateurs, l’événement a fait 3 morts. Cependant, dans son bilan, le procureur général de la Cour d’appel de Conakry, Yamoussa Conté, a omis de mentionner les décès, exprimant plutôt sa préoccupation pour les blessés et les dommages matériels. Sept autres personnes ont été tuées dans le Grand Conakry lors des violences liées aux manifestations des Forces vives les 10 et 11 mai 2023.
Il est à noter que ni les organisateurs des manifestations, ni les autorités étatiques telles que la police ou la gendarmerie, ni les organisations non gouvernementales de défense des droits humains, n’ont jamais publié de communiqué signalant des cas de viol au cours de ces manifestations.
Ces déclarations du Premier ministre soulèvent des interrogations quant à l’existence de preuves pour étayer ses allégations. En l’absence de preuves concrètes, il est légitime de considérer qu’il contribue à la désinformation.