L’affaire qui oppose les héritiers de feu Abdourahmane Diallo de Labé représentés par Mademoiselle Djenabou Diallo et dame Asmaou Diallo, continue de faire la une de l’actualité en Guinée. Après plusieurs interprétations du dossier dans la presse et sur les réseaux sociaux, l’avocat de la famille a tenu un point de presse ce vendredi 18 août 2023 à Conakry. À cette occasion, il a tenté d’éclairer l’opinion sur certains aspects qui font l’objet de polémique et relever des «insuffisances» de la justice dans le traitement de la procédure.
A l’entame, Maître M’bomy Mara rappelle que ce dossier connaît deux volets à savoir, le volet civil qui porte sur la revendication des propriétés, restitution des titres de propriétés, cessation de troubles, annulation de vente et paiement des dommages et intérêt. L’avocat dit avoir engagé le second volet après avoir constaté dans la procédure, des pièces arguées de faux, avancées par dame Asmaou Diallo, qui aurait fabriqué une attestation de cession au dos de feu Abdourahmane Diallo qui lui a permis de vendre des parcelles appartenant à la famille du défunt à Labé, alors qu’elle ne fait pas partie des héritiers direct.
«Lorsque son frère (feu Abdourahmane) était hospitalisé à Conakry, cette dame s’est permise d’aller prendre les titres de propriétés de ses enfants à son domicile et d’autres dossiers que certaines personnes lui avaient confié. C’est pourquoi j’ai également aligné l’infraction abus de confiance au sens de l’article 428 du code pénal guinéen», a expliqué l’avocat.
Suite à cette procédure, la dame a été entendue dans le cadre d’une enquête préliminaire dans un commissariat à Labé. Le dossier a été déféré devant le parquet de la ville sur le volet pénal, où il a été placé en flagrant délit. Après plusieurs audiences correctionnelles, elle a été reconnue coupable des faits d’abus de confiance et de faux et usage de faux. C’est sur la base de ces infractions qu’elle a été condamnée à douze mois de prison dont huit assortis de sursis, deux mois de prison ferme et une amende de cinq millions et trente millions pour la réparation civile. Mais à travers ce cumul d’infractions, l’avocat de la partie civile estime que le juge Moussa Camara qui a prononcé la peine a été clément envers la dame. Pour lui, l’accusée devrait être condamnée à trois ans de prison ferme. Ce qui a amené l’avocat a relevé appel de ce jugement correctionnel à Labé. De Labé, le dossier a été déféré à Conakry avant le 6 août dernier, alors que la dame était en train de purger ses deux mois de prison à la maison centrale de Labé.
Maitre M’bomy Mara dit être surpris du traitement qui a été réservé à ce dossier au niveau du parquet de Conakry qui s’est déclaré d’ailleurs incompétent à juger l’affaire. «Du coup j’ai soulevé l’incompétence du 1er président de la Cour et je lui ai demandé de statuer là-dessus, le juge a statué et il s’est déclaré incompétent. Quand je suis venu à la cour d’appel, j’ai été sidéré de voir affiché le rôle d’audience de fonds devant la chambre correctionnelle pour le même dossier. Je suis allé dire au procureur que je ne comprends pas, je suis assigné en référé, vous avez été assigné, mais je vois au tableau le rôle d’audience concernant cette affaire».
Une démarche qui selon l’avocat est en contradiction «grave» et «délibéré» de l’arrêter ordinal numéro 001 de monsieur le bâtonnier de l’ordre des avocats de Guinée en date du 30 juillet portant fixation des vacances judiciaires des avocats, qui indique clairement qu’il est interdit à tout avocat de faire programmer ou appelez le dossier d’une consœur, ou d’un confrère en vacance sous peine de sanction disciplinaire.
Le même jour, Maître M’bomy dit avoir constaté aussi la programmation du même dossier devant la première chambre correctionnelle de la Cour présidée par Madame Fatou Bangoura, qui à son tour, aurait refusé de renvoyer le dossier jusqu’à la fin des vacances judiciaires. Et c’est la même juge qui a ordonné la libération de dame Asmaou Diallo, selon les explications de l’avocat. «Avec sa composante de la cour, Madame Fatou Bangoura a ordonné la liberté de cette femme, sans entendre la partie civile, sans examen au fonds du dossier», regrette-t-il.
C’est pourquoi, il dénonce du deux poids deux mesures dans la démarche du ministre de la justice et des droits de l’homme suspendant le juge de Labé Moussa Camara et son substitut. L’avocat estime que la présidente de la première chambre de la cour , en la personne de madame Fatou Bangoura, devrait aussi faire l’objet de la suspension.
Dans cette affaire, l’avocat estime que la famille feu Abdourahmane Diallo est victime de «complot» et de l’ «injustice». Il promet d’user de tous les moyens légaux en droit pour défendre «ces pauvres héritiers» qui n’avaient que la justice comme espoir.
«Asmaou a promis fermement de faire du mal à cette dame et ses enfants, mais elle me trouvera véritablement sur son chemin», a confié l’avocat de la partie civile devant un parterre des journalistes.