Ce mardi 24 janvier 2023, l’humanité célèbre la journée internationale de l’éducation, sous le thème : « Investir dans l’humain, faire de l’éducation une priorité ». A l’occasion, le Secrétaire général du Syndicat national de l’éducation (SNE), Michel Pépé Balamou a, dans un entretien accordé notre rédaction, dépeint les réalités du système éducatif guinéen.
Selon ce professeur de philosophie, l’éducation guinéenne « est très malade » et fait face à trois problèmes majeurs qui sont :
1- La crise des apprentissages ;
2- La pénurie d’enseignants ;
3- La privatisation à outrance.
En plus de ces trois problèmes, Michel Pépé Balamou souligne aussi « le faible budget alloué à l’éducation, le manque d’infrastructures et d’équipements scolaires en quantité et en qualité, l’obsolescence des programmes d’enseignement ».
Il précise que la baisse du niveau des élèves est « consubstantielle au niveau et à la qualité du système éducatif guinéen ». « L’État, les enseignants, les élèves et les parents d’élèves sont les principaux responsables de cette baisse de niveau ». Pour l’enseignant et syndicaliste, les parents sont plus préoccupés à la recherche du quotidien qu’au suivi, l’encadrement et le contrôle de leurs enfants à l’école, dans la rue et à la maison.
Le syndicaliste ajoute que les réseaux sociaux et la télévision constituent aussi des facteurs explicatifs de cette baisse de niveau de l’élève guinéen. Il pointe du doigt aussi les programmes d’enseignement « inadaptés à l’environnement social des élèves. » Selon l’enseignant, « notre système éducatif (guinéen) est tellement mal conçu au point qu’il ne sait pas aider les élèves dans l’acquisition des compétences nécessaires pour réussir. Les méthodes d’enseignement et les modes d’évaluation sont presque moyenâgeux. De l’autre côté les enseignants démotivés et ne bénéficiant pas de salaire décent font semblant d’enseigner. Beaucoup viennent dans ce métier non pas par vocation mais par nécessité. Ils ne bénéficient pas de plan de carrière ni d’avancement au mérite. »
Pour inverser cette tendance, Pépé Balamou invite l’État à fournir davantage d’efforts dans la création des mesures incitatives, permettant aux enseignants « d’aller enseigner dans les zones difficiles d’accès, lutter contre les pratiques rétrogrades qui sont en défaveur de l’éducation et l’émancipation de la jeune fille en zone urbaine. Il faut également construire des écoles primaires et collèges de proximité afin de permettre aux enfants de parents défavorisés, d’avoir la chance de terminer leur cursus scolaire. »