Le référendum constitutionnel du 21 septembre 2025, plébiscité par 89,38 % de «Oui», a marqué le retour officiel à l’ordre constitutionnel. Promulguée dans la foulée, la nouvelle Loi fondamentale fixe désormais les règles de la présidentielle annoncée pour le 28 décembre. Mais derrière le vernis démocratique, le texte resserre brutalement le champ des candidatures.
L’article 45 de la Constitution définit des conditions d’éligibilité qui paraissent classiques à première vue : être de nationalité guinéenne, résider en Guinée, jouir de ses droits civils et politiques, fournir un certificat médical, déclarer ses biens, et être présenté par un parti légalement constitué ou, à défaut, parrainé en tant qu’indépendant. Sauf qu’un verrou majeur s’y glisse : l’âge des candidats est désormais limité de 40 à 80 ans.
Une barrière qui élimine des poids lourds
Ce plafond exclut d’office Sidya Touré de l’Ufr, ancien Premier ministre et figure historique de l’opposition, désormais trop âgé pour concourir. Quant à l’ancien président Alpha Condé, il est lui aussi frappé par la limite d’âge. Son parti, le RPG Arc-en-ciel, suspendu par le ministère de l’Administration du territoire, ne pourra pas présenter de candidat non plus.
Le cas de Cellou Dalein Diallo, leader de l’UFDG, illustre une autre faille du dispositif. Avec un parti suspendu pour 90 jours, il lui reste théoriquement l’option d’une candidature indépendante. Mais dans la pratique, l’absence du logo et de l’appareil partisan lui ferait perdre une partie de sa base, tandis que l’arsenal juridique de la transition peut aisément étouffer toute tentative.
Aliou Bah, président du MoDeL, condamné à deux ans pour offense au chef de l’État, est pour sa part en détention depuis plusieurs mois. Son parti pourrait se lancer sans lui, mais privé de son leader, il perd sa capacité de mobilisation.
Une élection verrouillée d’avance ?
En verrouillant l’âge, en conditionnant les candidatures à l’existence légale des partis et en exigeant un certificat médical, la nouvelle Constitution écarte systématiquement les figures majeures de l’opposition. Une mécanique qui ne laisse qu’un boulevard au président de la transition, Mamadi Doumbouya, si jamais il décidait d’entrer en lice.
À moins de trois mois du scrutin, la présidentielle s’annonce donc comme un rendez-vous décisif, mais sous haute tension. Derrière le triomphe affiché du référendum, se profile une bataille politique biaisée où les principaux adversaires potentiels ont déjà été neutralisés par la loi.