La naissance avant terme reste une réalité préoccupante en Guinée. Fragiles et vulnérables, les bébés prématurés nécessitent une attention médicale particulière et un accompagnement constant des parents. Dans un entretien avec Guinee360, le Dr Mamadou Lamarana Sidibé, médecin au service de néonatologie du centre médico-materno-infantile de Somayah (Coyah), explique les causes de la prématurité, les dangers immédiats pour les nourrissons et les conditions essentielles à leur survie et à leur développement.
Guinee360.com : Quelles sont les principales causes de la prématurité ?
Dr Mamadou Lamarana Sidibé : Les infections sont les causes les plus fréquentes, elles peuvent déclencher prématurément le travail. La plupart du temps suite à des anomalies maternelles, ou ovulaires telles que : Anomalie de l’utérus, Infections bactériennes ou virales, Travail pénible, Conditions socio-économiques mauvaises, Stress physique ou psychique, Grossesse multiple et avortements. Excès de liquide amniotique, Antécédents d’accouchement prématuré, Fibrome, Diabète, Taille maternelle, inférieure à 150 cm, Poids maternel inférieur à 45 kg, Âges extrêmes, Intervalles entre les grossesses : “1 an ou” 10 ans.
Quels sont les risques immédiats pour un bébé né avant le terme ?
Ces enfants sont très fragiles et particulièrement exposés aux infections. Ils ont tendance à perdre leur chaleur corporelle et risquent l’hypothermie. Leur faible tonicité rend l’alimentation difficile, ce qui les expose à l’hypoglycémie. Une glycémie basse peut entraîner somnolence, détresse respiratoire, et parfois des complications sévères.
Quelles sont les conditions idéales pour la prise en charge d’un prématuré ?
Même si le bébé semble en bonne santé, il doit rester hospitalisé entre 5 et 7 jours pour une surveillance rapprochée. Il a besoin d’un environnement médical adapté : incubateur pour réguler sa température, suivi des constantes vitales, alimentation spécifique, et prévention des infections. Le contact peau à peau et l’allaitement maternel sont aussi essentiels pour son développement.
Quelle est la place du lait maternel dans le traitement et la croissance du prématuré ?
Le lait maternel est essentiel, qu’il s’agisse d’un prématuré sans complication ou avec signes de gravité. Il favorise l’adaptation à la vie extra-utérine, apporte des anticorps protecteurs et aide à prévenir les infections à répétition.
Comment se passe la prise en charge en néonatal ?
Chez un prématuré sans signe de gravité mais avec une faible tonicité, l’alimentation se fait par sonde nasogastrique afin de prévenir l’hypoglycémie. Il doit être placé en couveuse pour maintenir sa température. Une antibiothérapie est généralement instaurée pour prévenir les infections, et la vitamine K1 est administrée systématiquement pour éviter les hémorragies néonatales.
Quelles sont les complications thérapeutiques ?
La complication la plus redoutée est le décès. On peut également observer un retard de croissance lié à une alimentation insuffisante, ce qui entraîne une baisse de l’immunité et favorise les infections récurrentes.
Quel suivi médical est recommandé après la sortie de l’hôpital ?
Après l’accouchement, qu’il soit par voie basse ou par césarienne, une consultation pédiatrique est indispensable, même si l’enfant paraît en bonne santé. Le médecin doit vérifier si les soins néonataux (cordon, yeux, prévention infectieuse) ont été bien faits et compléter si nécessaire.
Un message à l’endroit des parents ?
Les parents doivent prendre leurs responsabilités et suivre correctement les consultations prénatales. Après la naissance, il ne faut pas se contenter de penser que l’enfant va bien sans avis médical. Certaines infections apparaissent tardivement, parfois après une semaine. Les soins faits à domicile, sans conseils appropriés, peuvent provoquer des infections néonatales. En cas de recommandation d’hospitalisation, il est essentiel d’accepter, car refuser peut entraîner des complications graves et un retour à l’hôpital dans un état critique.