En Guinée, les mariages précoces prennent de l’ampleur de jour en jour. Nombreux sont les parents qui donnent leurs filles en mariage avant l’âge recommandé par les spécialistes qui est de 18 ans. Pour Kadiatou Konaté, plusieurs facteurs expliqueraient ce phénomène.
«Je pense que les causes du mariage précoce se situent à plusieurs niveaux notamment les facteurs culturels, religieux, économiques et d’un manque d’éducation dans son sens d’instruction», souligne Kadiatou Konaté.
L’activiste ne s’arrête pas là. Œuvrant pour la protection des jeunes filles, elle évoque des difficultés auxquelles elles sont confrontées dans la lutte contre le mariage précoce.
«Il y a une faible application des lois de manière effective. Ces derniers temps, on constate qu’il y a de plus en plus de lois qui se font respecter. Sauf que ça ne se fait pas respecter comme ça se doit, de manière effective dans sa totalité. Au-delà, il y a l’insuffisance au niveau des équipements des services de protection», a-t-elle ajoutée.
De son côté, docteur Mamoudou Doumbouya, médecin souligne que le mariage précoce peut produire des effets sur la santé physique et mentale d’une fille.
«Les victimes des mariages précoces sont confrontées à d’énormes problèmes plus ou moins graves. Une jeune fille qui se marie tôt est exposée aux fistules par rapport à l’âge immature. À la longue, ça va affecter les organes qui sont là. Il y a aussi les grossesses précoces et non planifiées, l’accouchement difficile (césarienne), parfois la mort de la mère, de son enfant, voir des deux. Plus loin, il y a l’abandon scolaire», a-t-il expliqué.
A noter que ces mariages, bien qu’illégaux persistent. La loi a du mal à s’imposer et les victimes en pâtissent. Aux regards de certains observateurs, les conséquences du mariage précoce ne se limitent pas à la santé physique et mentale de la victime. Une fois mariée, la fille est considérée comme adulte par la société. Elle voit alors son droit à l’enfance et à l’éducation violé et sa perspective d’avenir et d’évolution limitée.