Deux principales causes rendent difficile la gestion de la chaîne de propagation du nouveau Coronavirus en Guinée. Il y a d’un côté le bicéphalisme qui existe au sein de l’équipe coordonnatrice des actions de la lutte contre la maladie et d’un autre le déficit des moyens matériels et financiers.
C’est en tout cas l’analyse de la situation de la pandémie faite ce mardi 28 avril 2020, par le médecin Ben Youssouf Keita.
Selon lui, à partir de moment où l’ANSS, qui a une direction, rend directement compte au chef de l’État et le ministère de la Santé aussi rend compte à la même personne, obligatoirement il va y avoir des égos et il va y avoir des discordes.
Face donc à cette triste réalité qui met en cause les efforts fournis par le personnel médical de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, ce spécialiste propose que «l’Anss dépende directement du ministère de la Santé, qui doit prendre toutes ses responsabilités, qui doit tout gérer et qui doit nommer les hommes qu’il faut à la place qu’il faut.»
Selon Ben Youssouf Keita, le président de la République n’a pas confiance au ministère de la Santé, «alors qu’il mette l’Anss comme un ministère».
Dans son analyse, le médecin a fustigé la rentrée parlementaire des députés le 21 avril dernier, qui a été « propice » à la propagation rapide de la pandémie, et le non-respect des mesures sanitaires par les citoyens dans les différents marchés de la capitale: « C’est le président qui donne un mauvais exemple. Il a interdit le regroupement de plus de 20 personnes, que tout le monde a apprécié. Moins d’une semaine, il a demandé un regroupement de plus de 100 personnes dans une salle entre 4 murs. On dit les barrages sont fermés, mais on laisse passer certaines personnes, selon leur rang social ou leurs moyens financiers, les populations voient cela. Elles n’accordent plus d’intérêt à ce que vous leur dites. Voilà une des raisons qui fait que les mesures ne sont pas respectées dans les marchés. Les citoyens portent les masques devant les policiers. Dès que les policiers disparaissent, ils enlèvent. »
L’ autre inquiétude qui a attiré l’attention du médecin face à ce combat contre le Coronavirus, c’est la situation du CTE de Donka et le faible dépistage massif des citoyens: ” Donka ne suffit pas. Donka n’a que cinq cents lits disponibles. Il faut au minimum trois mille lits. Nous avons plus de mille cas qui doivent être hospitalisés, mais beaucoup sont dans la nature. Les dépistages, il faut au minimum dépister mille personnes par jour. Tous ces problèmes sont là pour dire aux Guinéens que nous n’avons que notre propre conscience et Dieu pour nous sauve.»
Concernant l’affaire Banque mondiale-État guinéen, Dr Ben Youssouf Keita invite les autorités du pays à revoir leur situation afin d’être crédibles aux yeux de la communauté internationale.
“Car, dit-il, c’est l’irresponsabilité de ce gouvernement de M. Alpha Condé et de Kassory Fofana qui est en train de nous conduire vers cette situation déplorable».