L’augmentation de 40% sur le salaire des enseignants avec effet rétroactif a été effective à la fin de ce mois de mars, conformément aux accords entre le SLECG et le gouvernement. Si le gouvernement par la voix de son ministre du Budget a mis la population en garde sur les conséquences néfastes de cette augmentation, des économistes eux pensent tout autrement.
Interrogé sur l’impact économique de l’augmentation de 40% sur le salaire des enseignants, M. Tounkara, consultant économique explique: “Selon les informations, le coût de l’augmentation des 40% de salaire s’élèverait à 600 milliards GNF chaque année, dont 52 milliards GNF par mois. Cette augmentation doit-être calculée sur un minimum de 20 ans“.
Cette augmentation qui concernera tous les travailleurs de la Fonction publique, soit 110 000 salariés à peu près, ne sera pas sans conséquences, selon M. Tounkara: “Quand en pleine année budgétaire, les comptes sont déjà faits, les recettes sont prévues ainsi que les dépenses, c’est difficile pour le gouvernement. Le budget est composé de recettes et de dépenses. Les recettes sont composées de taxes, d’impôts, les contributions diverses, l’aide budgétaire de l’extérieur et tout. Si l’Etat doit faire face à cette dépense exceptionnelle, il y a sans doute des mesures à prendre.”
” L’augmentation… c’est pas de la mer à boire“
Cette augmentation va impacter, mais ce n’est pas la fin du monde, note M. Tounkara: “Le budget est fait pour cela. Il y a des techniques pour faire face à cela. Quand le gouvernement est confronté à de tels défis, il y a des coupes budgétaires à effectuer tout simplement, ou à augmenter les taxes et impôts ou encore faire fonctionner la planche à billets. Ce n’est pas de la mer à boire, n’importe quel Etat organisé est capable de faire face à de telles situations sans que cela ne dégénère. Donc c’est possible et il faut y faire face“.
Mais cela ne se fait pas à l’emporte-pièce, prévient-il: “C’est une technique que les spécialistes savent utiliser. Le jeune ministre du Budget actuel connait bien son boulot. C’est un cadre compétent. Il saura s’en sortir. Je n’en doute point.”
“Augmentation du prix du carburant, la mauvaise solution“
Selon M. Tounkara, l’augmentation du prix du carburant en vue de compenser l’augmentation du salaire des fonctionnaires pourrait avoir d’autres conséquences: “Si le gouvernement décide d’augmenter le prix du carburant, il va s’en dire que cela va jouer sur tous les produits, parce que la part du carburant entre dans la contribution du prix de toutes les marchandises en général, surtout pour les produits de consommation de masse. Etant donné que la plupart des ces produits sont importés et parce qu’il faut les déplacer pour les mettre à la disposition des consommateurs, il y a risque de voir les prix s’envoler. A mon avis ce n’est pas la meilleure solution. Certes c’est la solution la plus facile, mais ses conséquences pourraient s’avérer désastreuses. On peut par contre taxer les produits de façon sélective, de sorte à éviter les produits de large consommation : La cigarette par exemple, les spiritueux et famille, les boisons alcoolisées, les bijoux et maquillages des demoiselles, les billets d’avion, les nuitées dans les hôtels etc.”
Et la planche à billets dans ce cas?
Pour notre interlocuteur, la blanche à billet est une solution à la crise, mais que si elle est utilisé, c’est encore tout le monde qui paie les frais: “C’est une solution, mais la moins recommandable. La planche à billets suppose l’émission excessive de monnaie. Au bout du compte l’inflation, c’est la pire des situations et pour l’économie et pour les consommateurs. Dans ce cas de figure, c’est tout le monde qui paye la facture de l’augmentation des 40% sur les salaires des enseignants. A mon avis, la solution pour le gouvernement, pour faire face à ses engagements envers les enseignants, c’est la technique des coupes budgétaires sélective”.