Les opposants membres de la commission d’organisation de la manifestation du 22 mars dernier sont convoqués par le tribunal de Dixinn. Ils reprendront le 3 mai à une plainte de la police suite à l’incendie du commissariat de Coza. Le porte-parole de l’opposition républicaine, Alhousseine Makanera Kaké, soutient que parallèlement, le procureur de la République devait convoquer les forces de sécurité suite aux assassinats des manifestants. Interview!
Guinee360.com : Vous êtes convoqué au tribunal de Dixinn suite à l’incendie du poste de police à Cosa. Quelle est votre réaction ?
Makanera Kaké : C’est une grande surprise quand on sait que les manifestations politiques en Guinée ont été toujours émaillées d’incidents, de vandalisme, de brigandage et surtout beaucoup des morts. Si jusqu’à présent, on n’a même pas convoqué quelqu’un par rapport aux cas de massacre et qu’aujourd’hui nous apprenons que nous sommes convoqués c’est une grande surprise. Je suis encore surpris quand on parle du commissariat de Cosa parce que les journalistes sont témoins que nous avons été chassés, gazés et déguerpis des lieux plus d’une heure avant l’incendie. Alors que notre rôle c’est de collaborer avec la police pour les aider à maintenir l’ordre. Si l’Etat voudrait que le maintien d’ordre soit assuré par les responsables politiques, il aurait donné des moyens conséquents, humains, logistiques et financiers. Aujourd’hui, ceux là qui devaient nous protéger, protéger les manifestants si c’est eux qui se plaignent contre nous c’est une grande surprise. Vous ne pouvez pas chasser quelqu’un et lui demander ce qui s’est passé après sur les lieux.
Vous ne niez donc pas que ce sont des manifestants qui ont incendié le poste de police après le passage de votre cortège?
En aucun cas, pendant que nous étions sur place, personne ne s’est attaqué au poste de police quand nous étions là. J’étais dans la même voiture qu’Elhadj Cellou Dalein Diallo. Nous avons donné des instructions fermes aux manifestants de ne toucher personne et de ne pas s’attaquer aux biens. Les hommes de Bafoé nous ont fait déguerpir. Plusieurs heures après, on nous a appris que le commissariat est incendié. En pénal, la responsabilité est individuelle. Vous ne pouvez pas répondre des faits d’autrui.
Vous êtes convoqués parce que vous faites partie du Comité d’organisation ?
Nous faisons partie du Comité d’organisation. Notre rôle c’est la collaboration avec la police pour maintenir la sécurité. Mais si nous sommes chassés par la police, on ne peut pas collaborer avec elle. Même si nous étions là, on n’aurait pas pu arrêter des centaines des personnes. Je crois qu’il faut qu’on soit logique et cohérent pour comprendre que chacun a un rôle très précis. Notre rôle c’est d’appeler au calme et de demander à nos militants de ne pas s’attaquer aux gens et lorsque nous voyons quelqu’un qui est en train de faire de trouble-fête, le signaler à la police. Et on a toujours fait ça, Bafoé peut être témoin. C’est ça notre rôle. Mais vous pensez qu’on peut s’opposer à des bandits qui veulent brûler un commissariat ?
Vous admettez donc que certains de vos militants sont des bandits?
Non ! J’ai dit que la manifestation a été dispersée. J’étais déjà chez moi quand j’ai appris que le commissariat a été calciné.
Allez-vous répondre à la convocation ?
Absolument, il faudrait bien qu’on aille répondre parce qu’on ne se reproche de rien.
Ne redoutez-vous pas d’être condamnés par le tribunal comme c’est fut le cas de Ibrahima Sory Camara de l’Ufdg ?
Personnellement, je ne redoute pas de ça parce que les contextes ne sont pas les mêmes. Pour Ibrahima Sory, ils ont visionné une vidéo où il a tenu des propos. Mais nous, nous n’avons rien fait, on a signé seulement un simple papier. Ce papier ne nous engage pas après que nous ayons été dispersés.
Qu’est-ce qui vous inspire le fait que la justice soit prompte à juger les cas de pillages et lente quand il s’agit des «assassinats ciblés »?
Je ne sais pas s’il y a des actions parallèles par rapport à ceux qui ont été tués et blessés. Je pense que ce n’est pas parce qu’on a porté plainte qu’on a raison. Cette fois-ci, c’est la police qui s’est plainte contre la commission d’organisation. Avec la même promptitude, le procureur de la République pouvait aussi poursuivre les policiers qui ont rôle de maintenir la sécurité pendant les manifestations. A chaque zone, on sait qu’elle est l’équipe qui est là et pendant quel temps.
L’opposition républicaine avait menacé de se retirer du Comité de suivi des Accords politiques. Où en êtes-vous ?
Comme on n’a pas encore le retour de nos représentants au Comité de suivi, nous ne pouvons pas nous prononcer. Lorsque nous aurons le compte rendu de nos représentants, nous verrons ce qu’il faut faire.
L’affaire Bolloré défraie la chronique. Quel est votre avis ?
Pour moi, il y a trop de zones d’ombre autour de l’affaire Bolloré. D’abord, le gouvernement dit que le contrat est bien ficelé, mais si on se refaire au Code des marchés publics, je ne crois pas qu’il y avait eu un appel d’offres. Quand je suis allé en Code D’Ivoire, j’ai comparé ma manutention. Le conteneur qui est 200 Usd en Côte d’Ivoire est à 350 Usd en Guinée avec la même société. Je crois que l’Etat a l’obligation d’élucider.
Merci monsieur Kaké
C’est moi qui vous remercie