Au cours d’une conférence tenue à la Maison de la Presse de Coléah, ce jeudi 26 avril, la Commission d’enquête nationale sur la résiliation du contrat de GETMA, est revenue sur l’historique de l’octroi du projet d’extension du port autonome de Conakry. Pour cette commission le contrat signé entre le groupe Bolloré et l’Etat guinéen n’a connu aucune faille.
Composé d’anciens responsables du port, de juristes, de techniciens et de hauts cadres de l’Etat, les différentes personnalités de la commission ont tour à tour décrit le contexte dans lequel ce contrat juteux a été octroyé au groupe Bolloré, aujourd’hui accusé d’être passé par la corruption pour l’avoir.
Loin des regards critiques et soupçons qui leur sont lancés, les conférenciers ont préféré revenir plutôt sur les bavures de la première société ayant obtenu le marché, avant de se voir retirer le contrat au profit de son concurrent (Bolloré), placé deuxième, selon eux, lors de l’appel d’offre.
“Au départ nous avons cherché à savoir les différentes sociétés qui voulaient le marché, et laquelle était la meilleure. Nous avons fait un test et il y a eu un classement qui faisait de GETMA International première et Bolloré deuxième. Quand on a compris que GETMA nous avait menti sur un certain nombre de choses et qu’elle n’avait pas la capacité financière pour réaliser les travaux, normalement et automatiquement c’est le deuxième qui vient. C’est une pratique administrative, le code des marchés le prévoit. L’octroi de contrat à GETMA ne s’est pas fait dans les règles de l’art. Il n’a fait aucun travail. Son contrat a été résilié pour être octroyé au deuxième qui est Bolloré, et là les choses se sont faites dans les règles de l’art. Le seul hic qui donnait toute la concession du port à Bolloré a été corrigé par le chef de l’Etat lui-même“, a expliqué Dr André CAMARA, conseiller juridique de la commission d’enquête.
Ainsi, pour ces acteurs du dossier, Bolloré n’a ni de près ni de loin eu ce contrat par corruption. Ils félicitent plutôt le travail fourni par le groupe au sein du port de Conakry, qu’ils placent au même pied d’égalité que les ports de la sous-région, notamment ceux d’Abidjan et de Dakar.
Pour les conférenciers qui placent plutôt cette affaire de corruption ou de règlement de compte entre Français, le contrat avec Bolloré est propre.
“Si aujourd’hui il y a des problèmes entre Français en France et dans le cadre de leurs investigations ils parlent malheureusement du port autonome de Conakry, nous leur dirons d’abord que le port autonome de Conakry, Bolloré n’a en aucun moment une concession au port de Conakry. Bolloré a une concession sur une partie du port et il ne faut pas oublier que le port est un endroit stratégique. Donc pour rien au monde on ne peut concéder le port de Conakry”, a jouté Alpha Ibrahima Keira, ancien ministre.
Pour rappel, cette affaire d’octroi du projet d’extension du port de Conakry date de 2008 avec une première attribution du marché au groupe GETMA, avant la suspension du contrat à l’arrivée de la junte militaire au pouvoir. Une deuxième renégociation se passera entre le groupe et l’Etat guinéen à la demande du président burkinabé d’alors (Blaise Compaoré).
En fin, il y a eu une résiliation définitive du contrat signé avec le Groupe GETMA, par le nouveau chef de l’Etat Alpha Condé en 2011, qui trouvait le contrat mal négocié. Le marché sera finalement donné sur le coup au Groupe Bolloré sans appel d’offre.