Poursuivi pour « enlèvement, séquestration, abstention délictueuse, complicité… », Thierno Mamoudou Kann a été confronté, ce lundi 26 juillet, à celui-là même qui est considéré dans cette affaire comme le cerveau dans l’enlèvement et l’assassinat de l’opérateur économique, Elhadj Abdrahamane Diallo «Elhadj Doura».
À la barre, ce diplômé de l’Institut Supérieur des Sciences de l’Éducation de Guinée (ISSEG), reconnait être un employé d’Elhadj Mamadou, pour qui d’ailleurs, il dit avoir travaillé pendant 3 ans dans la vente des produits pharmaceutiques, au marché Madina.
Devant le tribunal criminel, présidé par Aboubacar Mafering Camara, Thierno Mamoudou déclare avoir reçu des mains de son employeur 99 000 dollars.
Cependant, cet enseignant de formation soutient qu’il ne savait pas que le montant était la rançon payée par la famille d’Elhadj Doura.
«Elhadj Mamadou Diallo m’a appelé qu’il venait chez moi et quand il est arrivé chez moi, il a sorti 100.000 dollars sur lesquels il a enlevé 1 000 dollars qu’il a empochés. C’est ainsi qu’il m’a dit de garder le reste du montant qui était 99.000 dollars. Je lui ai dit que je ne pouvais pas garder le montant parce que j’avais peur de le perdre ou que ça ne soit des faux billets. Mais il m’a rassuré en me disant qu’il n’y a aucun problème, et que le lendemain Idrissa Diallo allait récupérer la somme pour la déposer dans une banque. Effectivement, le lendemain, j’ai remis 50.000 dollars à Idrissa et quelques jours les 45.000 qui restaient avec moi», a-t-il déclaré.
Dans leur confrontation, Elhadj Mamadou a confirmé les déclarations de Thierno Mamoudou Kann.
Prenant la parole, le ministère public demande au prévenu s’il s’est intéressé à l’origine du montant.
«Non, c’est une camarade de promotion, qui se trouve être la belle-soeur d’Elhadj Mamadou, qui nous a mis en rapport. Elle m’a dit qu’elle connaît quelqu’un qui vient de l’Allemagne et qui a investi à Madina. J’ai donc accepté sa demande et je suis allé à Madina où j’ai trouvé une place chargée de produits pharmaceutiques, qu’on pouvait évaluer à 85 millions», répond Thierno Mamoudou Kann.
De son côté, la défense a plaidé pour la remise en liberté provisoire de son client qui, selon elle, est innocent dans cette affaire.
«Durant tous les débats, Thierno Mamoudou Kann n’a jamais été cité pour enlèvement ou séquestration. Il n’a été cité que pour la remise de la rançon. Il a également précisé qu’au moment de la remise, il ne savait pas que c’était une rançon. Aujourd’hui, il doit bénéficier d’une liberté», plaide Me Mamoudou Sané.
Une demande à laquelle le ministère public s’est opposé: « Il est prématuré de demander une remise en liberté provisoire, vu la gravité des faits reprochés à Mamoudou Kann (…)», a déclaré le substitut du procureur.
«Ce n’est qu’une injure à la mémoire de la victime. Cette demande de mise en liberté pourrait compromettre la suite de la procédure. C’est prématuré de demander une mise en liberté», dénoncent les avocats de la partie civile.
Le juge Aboubacar Mafering Camara, a rejeté la demande de remise en liberté de Thierno Mamoudou Kann, avant de renvoyer le dossier au 13 septembre prochain.