L’humanité célèbre ce lundi 26 juin 2023, la journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture. Instituée par les Nations-Unies, c’est en 1987 qu’elle est entrée en vigueur à travers une convention signée par plus de 173 pays dans le monde. En prélude de la célébration de cette journée, notre rédaction a donné la parole à Mamadou Kaly Diallo, activiste des droits de l’homme et représentant du bureau Conakry du programme “démocratie sans violence” de la Baïonnette intelligente. Dans cet entretien, il invite les autorités à soutenir les victimes et à mettre l’accent sur la sensibilisation. Mamadou Kaly Diallo demande aussi aux victimes de porter plainte contre les tortionnaires.
Guinée360 : Quelle est votre perception de cette journée ?
Mamadou Kaly Diallo : Selon le système des Nations-Unies, le terme torture désigne tout acte par lequel une douleur ou une violence qu’elle soit physique ou morale, est intentionnellement infligé à une personne ou à une tierce personne afin d’obtenir d’elle des renseignements ou des aveux. Dans un État de droits, chaque citoyen doit vivre librement dans la paix et la sécurité sur le fondement de la déclaration universelle des droits de l’homme. Alors ce 26 juin est l’occasion de faire appel à toutes les parties prenantes y compris les États membres, le système des Nations-Unies, la société civile, doivent s’unir et soutenir les milliers des personnes victimes ou qui sont en train d’être victimes de torture. Voilà une des raisons qui fait que cette journée est commémorée à travers le monde.
Pour vous quel doit être le rôle des dirigeants de chaque pays vis-à-vis des victimes de torture ?
D’abord dans les conditions normales dans le cadre de la promotion des droits de l’homme, c’est d’empêcher les tortionnaires d’arriver à leur fin. Donc l’une des obligations fondamentale et première de l’État, c’est de protéger chaque citoyen en tout lieu et à toute circonstance pour prévenir ces crimes-là, parce que la torture est un crime. Maintenant malgré ce rôle de protection s’il y a des cas de torture, il revient à l’État d’assumer la responsabilité d’identifier les tortionnaires présumés, de les traduire devant les tribunaux afin qu’ils soient confondus aux actes dont ils sont auteur à travers un procès juste et équitable.
Est-ce qu’en Guinée, la loi a prévoit des sanctions contre les coupables de la torture ?
Oui, le code pénal guinéen de 2016 a clairement défini et puni la torture et même les complices de la torture. Sur le plan international, la Guinée a ratifié la convention de 1987 contre la torture ou autres traitements inhumains et dégradants. Mais il a fallu 2016 pour internaliser cette convention pour que le code pénal et le code de procédure pénale prévoient des sanctions par rapport à la commission de ces infractions-là. Maintenant en dehors de ces normes-là, la Guinée excepté le protocole facultatif, ratifie la convention contre la torture qui protège les citoyens contre ces crimes-là. Donc il y a des normes juridiques nationales tout comme il y a des normes juridiques internationales auxquelles la Guinée a librement et volontairement souscrit. Et vous savez que les Nations-Unies ont mis en place beaucoup d’instruments juridiques pour protéger et venir en appui ces victimes-là. Mais aussi de punir les auteurs.
Qu’est-ce que les citoyens doivent faire lorsqu’ils sont victimes de cette pratique ?
C’est de dénoncer, c’est d’user les voies de recours, c’est ce qui est le plus important. Et là aussi les différents acteurs doivent profiter de cette journée pour aller vers la sensibilisation et la formation pour que les citoyens comprennent qu’il y a des moyens de recours. Et les Nations-Unies vont jusqu’à mettre un fonds pour le soutien aux victimes. Donc lorsque les citoyens sont victimes ils doivent aller vers la justice.
On enregistre des cas de torture pendant les manifestations et même dans les différentes prisons du pays. Comment vous comprenez cela ?
Je pense que c’est l’impunité qui peut expliquer cela. Vous savez que la Guinée est un pays de tradition et de culture de torture. Vous avez les exécutions extra judiciaires, jusqu’à présent l’extorsion d’aveux. Le plus souvent les cas de torture sont aussi observés pendant les périodes d’interpellation et celle de détention. Aujourd’hui il y a les règles minima de détention édictées par Nelson Mandela et même le système des Nations-Unies, il faut être respectueux et veiller au respect de ces règles. Il est également du rôle des autorités de mettre beaucoup plus accent sur la vulgarisation des différentes conventions auxquelles la Guinée a souscrit.
Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des autorités d’une part et à l’endroit de Guinéens d’autre part ?
Que les citoyens, les organisations de défense des droits de l’homme multiplient la sensibilisation à tous les niveaux et éduquent les citoyens et à aller vers les autorités pour qu’elles puissent intégrer les questions des droits de l’homme et qu’elles puissent être les premières défenseuses des droits de l’homme. Parce que lorsque les autorités au plus haut niveau intègrent ces mécanismes-là, les politiques publics seront mis à l’épreuve, ils tiendront compte du respect des droits fondamentaux des citoyens et lutteront farouchement contre l’impunité accordée aux auteurs présumés de torture.