Nouvelles tensions politiques au Brésil en pleine pandémie, et à 48h de l’ouverture d’une commission d’enquête sur la gestion de la crise sanitaire. Le président Jaïr Bolsonaro élève le ton et menace d’envoyer l’armée pour mettre fin au confinement imposé dans certaines villes.
C’est lors d’une visite à Manaus – durement éprouvée par la pandémie – cette fin de semaine, que le président brésilien a évoqué le rôle de l’armée pendant la pandémie, rapporte notre correspondant à São Paulo, Martin Bernard. Dans une interview à une télévision locale, il a affirmé que « nos forces armées », c’est son expression, pourraient bien patrouiller les villes pour garantir le droit d’aller et venir et en finir avec cette « lâcheté de couvre-feu », pour garantir le droit au travail, et la liberté religieuse… Depuis plusieurs semaines, les mesures de restriction ont commencé à être levées dans de nombreux Etats, notamment ceux de São Paulo et de Rio de Janeiro.
Le Brésil a franchi ce samedi 25 avril un record mensuel de décès avec 67.977 morts du Covid-19 depuis le début du mois, dépassant le record du mois de mars où plus de 66.000 décès dus au coronavirus avaient été enregistrés, selon des chiffres du ministère de la Santé.
L’armée réticente à une utilisation politique
Mais malgré la recrudescence de la pandémie qui a fait presque 400.000 morts, ce qui en fait le deuxième pays le plus touché au monde en chiffres absolus, Jaïr Bolsonaro persiste à minimiser la gravité de la crise sanitaire.
Et depuis plusieurs semaines, il multiplie les références à l’armée en vue de durcir le régime. Il vient de changer de ministre de la Défense, et les chefs d’état-major ont eux aussi été remplacés. Ces hauts responsables étaient réticents à l’utilisation politique des forces armées.
Le président Bolsonaro avait déjà réclamé la tête du commandant de l’armée de Terre, le général Pujol, favorable à des mesures de prévention contre la pandémie. Finalement, il avait renvoyé fin mars les chefs des trois armées – Terre, Air et Mer – avant même que ceux-ci remettent leur démission.
L’enquête parlementaire va démarrer
Ces nouvelles tensions apparaissent alors que le gouvernement doit répondre à une commission d’enquête parlementaire sur sa gestion de la crise sanitaire, à partir de mardi prochain. Une enquête ouverte à la demande du juge de la Cour suprême, Luiz Roberto Barroso, et qui a en ligne de mire, le rôle de l’ancien ministre de la Santé, le général Eduardo Pazuello, remercié en mars dernier.
Source: RFI