Durant la journée du 23 octobre 2018, plusieurs événements malheureux se sont déroulés, dans la répression de la manifestation interdite de l’opposition guinéenne.
Des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, à l’attaque du véhicule du chef de file de l’opposition, en passant par l’intervention des autorités au meurtre d’un jeune de 18 ans, la journée a été noire d’incidents.
Dès la veille de la manifestation, le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, annonçait “ne pas obéir à l’interdiction de leur marche, par les autorités communales“, qui justifiaient leur décision par un souci de maintien de la sécurité au sein des écoles.
Prévue sur l’axe de l’autoroute Fidel Castro ( de la tannerie à l’esplanade du stade du 28 septembre, via l’aéroport et le pont de Madina), la police a très tôt déployé ses troupes, dans les grands carrefours des deux principaux axes de Conakry, pour contrer la manifestation.
- 09h-10h TU: les rues de l’axe Leprince sont à moitié désertes, quelques échauffourées entre policiers et manifestants, tandis que sur l’autoroute Fidel Castro, la circulation reste fluide et une tension fébrile au niveau de la tannerie. Déjà le commandant des unités d’intervention de la police, Ansoumane “Baffoé” Camara met en garde toute personne, qui essayerait de répondre à la marche de l’opposition, et annonce exécuter les ordres de l’autorité. Les hostilités s’annoncent.
- 11h TU: le cortège du chef de file de l’opposition essuie les tirs de gaz lacrymogènes des forces de l’ordre, qui tentent de les faire rebrousser chemin, à quelques centaines de mètres (rond-point Belle-vue) de son domicile. Dans la foulée le véhicule du président de l’UFDG prend une balle sur le pare-brise, pour ressortir sur la vitre arrière. Blessé par les éclats de vitres, le chauffeur est tenu de se retourner au domicile. Une nouvelle qui passe comme une traînée de poudre.
- 12h TU: toutes les voies sont bloquées sur l’axe Leprince, de violents affrontements sont constatés entre forces de l’ordre et manifestants, gaz lacrymogènes et matraques contre jets de pierres. Un agent est touché par un cailloux au niveau de l’oeil. Des manifestants sont interpellés. De l’autre côté de la ville (autoroute Fidel Castro) la circulation se fait moins dense, les rues sont désertes mais sans incidences. Tandis que sur la corniche nord (Taouyah, Lambangni, Sonfonia) des heurts éclatent précisément à kipé, où la grève des enseignants se mêle à la manifestation.
Pendant ce temps, des séries de condamnations et d’indignation, de l’attaque du véhicule de Cellou Dalein Diallo fusent de partout, de Lansana Kouyaté (président du PEDN) à Sidya Touré (président de l’UFR) et autres politiciens, chacun utilise ses mots pour exprimer sa désolation.
- 13h-18h: la tension augmente dans les différents quartiers des communes de ( Dixinn, Ratoma et certains quartiers de la préfecture de Dubréka), avec quelques moment d’accalmie. Un jeune plombier de 18 ans a été tué par balle dans la soirée à Cosa, un autre jeune blessé près de la nuque. Plusieurs autres cas de blessures légères et graves sont annoncés.
- 19h-20h: le Procureur général près la Cour d’Appel de Conakry annonce l’ouverture d’une enquête, aux fins de situer les responsabilités éventuelles sur les dérapages intervenus lors de ladite marche. Accusé par l’opposition de vouloir attenter à la vie de leur chef de file, la direction régionale de la police de Conakry dément et demande l’ouverture d’une enquête indépendante. Dans cette ambiance de désordre, marquée par endroit par des tirs de sommations dans certains quartiers, la présence de plusieurs blessés dans les rangs des manifestants, la soirée termine par un autre appel à manifester ce mercredi 24 octobre.