La construction de la prison de Yorokhoguia est arrêtée depuis décembre 2016 suite la fuite du promoteur espagnole. Aujourd’hui, le chantier est transformé, clandestinement, en zone d’extraction des graviers par les citoyens.
Située à Km 5 dans la préfecture de Dubreka, le chantier de construction de la prison de Yorokhoguia est devenu une zone d’extraction. Des trous çà et là dans lesquels des jeunes s’activent à extraire les graviers pour la vente. Ici, le trafic se fait en cachette. Si fait qu’à tour de rôle, des camions-bennes s’activent pour acheter les chargements des graviers.
En plus de l’extraction clandestine, unanimement dans leurs témoignages anonymes, les exploitants se disent conscients du risque qu’ils encourent. «Nous venons ici pour chercher la dépense pour subvenir aux besoins de la famille. Nous vendons le chargement à 600.000 GNF. Nous sommes au courant du danger que nous courons mais, on est vigilent de toute façon», témoigne un ouvrier en train de creuser dans un trou.
Et d’ajouter: «nous travaillons ici dans le risque en attendant que le gouvernement soit prêt pour occuper cet espace. Quand nous apercevons le véhicule d’un cadre de l’administration, nous prenons la fuite. A un moment donné, c’est un haut gradé de l’armée qui nous a lancés un avertissement en nous disant qu’ils viendront nous arrêter. C’est vrai que nous faisons une chose anormal mais nous n’avons pas le choix», martèle-t-il.
Fuite de l’espagnole et arrêt des travaux de la construction
Pour rappel, la convention de partenariat public et privé portant sur la construction d’un centre pénitentiaire moderne de Yorokhoguia à Dubreka et 7 autres prisons à l’intérieur du pays entre l’Etat guinéen à travers le ministère de la justice qui en est le maitre d’ouvrage et la société espagnole Cierzo inversiones S.A a été signée en juillet 2014.
D’une superficie de 39.839 mètres carrés, cette infrastructure pénitentiaire dispose d’une capacité d’accueil de 1500 détenus dont un pavillon pour les femmes, un pour les mineurs et six autres pour les hommes. Officiellement, le coût du projet est de 217 milliards 820 millions GNF avec une contribution de l’Etat guinéen à hauteur de 1, 32 % soit 2 milliards 875 millions GNF. Ce montant, selon notre source, serait surévalué et varierait réellement entre 150 et 180 millions GNF.
Lancés en avril 2015, les travaux devaient finir au plus tard en juillet 2016. N’ayant pas honoré l’engagement, le promoteur espagnol, José Luis Riveira Ferrer a pris la fuite en décembre 2016. Et depuis, le chantier est arrêté. Bien avant sa démission, le ministre de la Justice, Cheick Sako, avait annoncé l’arrestation et la détention du promoteur José Luis Riveira Ferrer était en détention en Espagne.
Au ministère de la justice, nous n’avons pas eu des répondants sur l’arrêt des travaux. Il nous a été indiqué qu’une nouvelle convention a été signée entre l’Etat et une autre société pour la relance de la construction de la prison de Yorokhoguia.
Système pénitentiaire guinéen
La Guinée dénombre 23 prisons civiles dans les chefs-lieux des préfectures et huit maisons centrales, situées dans les chefs-lieux des régions administratives dont la plus peuplée est la Maison centrale de Conakry et la plus sécurisée celle de Kindia.
Population carcérale
En fin 2014, la Commission pénitentiaire du ministère de la Justice avait dénombré 3 110 prisonniers. Les Maisons centrales sont particulièrement touchées par la surpopulation avec un taux d’occupation avoisinant 400%. En 2013, les prévenus représentaient environ 65% de la population carcérale.