L’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB) a animé une conférence de presse ce vendredi 24 janvier 2020 en prélude à la commémoration de l’an 49 des pendaisons du 25 janvier 1971, pour dénoncer l’illégalité du tribunal révolutionnaire suprême d’alors.
Il y a de cela 49 ans, le 25 janvier 1971, que le régime de Sekou Touré a décidé d’éliminer certains cadres accusés d’avoir comploté contre le régime. Pour se faire, les victimes du Camp Boiro accusent Sékou Touré d’avoir mis en place “un plan diabolique” appelé “l’agression portuguaise du 22 novembre 1970” pour libérer les prisonniers portugais détenus dans différentes prisons en Guinée et en retour avoir l’occasion d’éliminer dans une purge sans précèdent des centaines de Guinéens les accusant d’avoir appartenus à une prétendue 5eme colonne.
À cet effet, Sekou Touré avait érigé l’Assemblée nationale en tribunal révolutionnaire suprême. “Sans autre forme de procès, sur la base du mensonge de la délation, les accusés furent arrêtés conduits dans les camps de la mort et torturés après une diète noire ainsi, les complices de Sékou Touré optèrent des aveux écrits ou des déclarations enregistrées sur bandes magnétiques. Ses aveux, extorqués sous la torture dans des violences extrêmes et indescriptibles, ne peuvent constituer de preuves matérielles pouvant légitimer les centaines de condamnations prononcées par le tribunal révolutionnaire suprême“, dénonce Abdoulaye Conté, secrétaire exécutif de l’AVCB.
Le procès-verbal dudit tribunal indique que 159 personnes avaient été condamnées au cours du procès tenus en 1971.
En dépit du “manque de volonté” de l’Etat guinéen à juger les crimes commis sous le premier régime l’AVCB n’entend pas renoncer à son combat celui de réclamer justice. “Notre lutte est noble, mais difficile parceque le tyran a régné pendant 26 ans en Guinée. Il a semé la haine dans l’esprit de cette génération. Dès lors que tout ceux qui ont cru à ses mensonges représentent aujourd’hui des inconditionnels de Sékou Touré. Mais le combat se poursuivra avec plus de détermination, nous allons adopter des approches de plus en plus visibles pour surmonter ses obstacles“, souligne M. Conté.
Par ailleurs, les victimes interpellent Alpha Condé sur le fait que les crimes commandités par Sékou Touré sont imprescriptibles et l’exhortent d’être celui qui va œuvrer pour réconcilier les Guinéens.
L’AVCB regrette l’inertie de l’Etat face aux exactions commises sous le 1er régime. Elle estime que dans un État normal, le 25 janvier de chaque année devait être décrété journée de recueillement et de deuil national.
À l’occasion du 49e anniversaire il est prévu un recueillement au pond 8 novembre à la mémoire des 4 pendus, suivi d’une marche silencieuse jusqu’au Camp Boiro où il y aura lieu la lecture du saint coran pour le repos des disparus.
Pour un devoir de mémoire, les victimes du camp Boiro ont annoncé la publication d’un livre en 2020 sur le portrait des disparus sous la “dictature” de Sékou Touré.
Bah Adama Hawa