Pour le president du parti Union des forces démocratiques (UDG), la dissolution du gouvernement Bernard Goumou par le Général Mamadi Doumbouya et la confiscation des documents de voyage est “une vulgaire démonstration de force” visant à humilier les anciens ministres. Concernant le futur gouvernement, Mamadou Baadiko Bah est convaincu que celui-ci comme le précédent sera composé sur la base de la cooptation de parents, de copains, d’amis, de voisins ou de politiciens véreux acceptant tout de la part du Cnrd. Interview!
Guinee360.com : Quelle analyse faites-vous de la dissolution du gouvernement dirigé par Bernard Goumou ?
Mamadou Baadiko Bah : Il y a beaucoup à dire sur cet événement qui, ailleurs n’aurait rien d’extraordinaire. Normalement, un changement de gouvernement est un acte tout à fait normal dans un système démocratique, régi par des lois. Or, au lieu de cela, on est en présence d’une vulgaire démonstration de force. Pour quelle raison et pour quel objectif, nous ne le savons pas. Mais déjà, pour tout citoyen guinéen, il était clair que l’ancien gouvernement n’existait plus depuis fort longtemps. Son incapacité à répondre aux besoins élémentaires et aux souhaits de la population étaient criants. Pire encore, les affrontements publics entre les membres du gouvernement, chacun défendant ses protégés et son clan avaient fini de discréditer et disqualifier toute l’équipe, déjà paralysée depuis longtemps. L’explosion du dépôt central de carburant de Coronthie a été le coup de grâce. Mais ce gouvernement était bien à l’image du CNRD : actes dictatoriaux, propagande effrénée plutôt que des actions concrètes au bénéfice des populations croupissant dans la misère et maintenant dans la famine. Nous ne savons pas qui, dans la population, va regretter ce gouvernement destitué aussi bruyamment et connu pour la corruption qui régnait en son sein et l’incurie chronique.
Que pensez-vous de la confiscation des documents de voyage et le gel des comptes des désormais anciens ministres?
Ces traitements humiliants infligés, en principe, à tous les membres de l’équipe déchue doit amener à beaucoup réfléchir. Il y avait certainement dans ce gouvernement de rares éléments qui ont essayé de travailler durement dans leur fonction et qui n’avaient pas grand-chose à se reprocher. Comment peut-on les traiter ainsi comme de vulgaires délinquants ? Évidemment, on l’a bien compris et jusqu’à preuve du contraire, seuls les ministres civils ont été frappés par cette mesure extrêmement humiliante. L’impunité pour les actes de corruption, de détournement des deniers publics, d’enrichissement illicite, est toujours de règle depuis tout le temps dans notre pays. Ce n’est pas cette mascarade qui va y changer quelque chose.
Quelles sont les conséquences sur le chronogramme de la transition ?
C’est vous qui croyez encore qu’on est en transition. Tout montre que ce pouvoir est bien installé et n’a aucune intention de travailler à la mise en place d’un Etat de droit fondé sur la volonté souveraine du peuple de Guinée meurtri par 65 ans de pouvoirs dictatoriaux, corrompus, ethnicistes et incapables de sortir le pays de la misère et du sous-développement.
Selon vous peut-on s’attendre à un gouvernement d’union nationale ?
Tout le système du CNRD a été bâti en vue d’effacer tous les anciens acteurs politiques de la scène. Au moins, ils sont constants. Tout sera certainement bâti sur la base de la cooptation de parents, de copains, d’amis, de voisins ou de politiciens véreux acceptant tout de la part de leurs maîtres. Sans oublier bien entendu les combinaisons à caractère ethniques. La compétence, la probité, ne sont pas la priorité.
