Entamé le 15 janvier 2018, le procès militaire se poursuit au tribunal de première intense de Labé. Après le passage des militaires du camp d’infanterie de Mali, qui ont pratiquement nié tous les faits dont ils sont reprochés, des victimes et du préfet de Mali, la semaine dernière, l’audience de ce lundi 22 janvier 2018 s’est ouverte par le témoignage de Sadou Keita, gouverneur de la région administrative de Labé.
A 10 heures et 55 minutes à la barre, Sadou Keita 65 ans a décliné son identité.
Vêtu de sa traditionnelle tenue de gouverneur, il a, dans une détente totale, narré ses souvenirs des événements douloureux enregistrés dans la préfecture de Mai en juin 2016.
Des conditions dans les quelles il a été saisi de la nouvelle par Harouna Souaré préfet de Mali, à son retour à Labé avec le colonel Issa Camara, il n’a rien omis.
« Je suis arrivé à Mali le vendre 17 juin même dans la soirée. J’ai visité l’hôpital où étaient hospitalisés des blessés. Ensuite, j’ai rencontré la troupe au camp (…) pour leur dire qu’aujourd’hui ils m’ont déçu. Arrêtez maintenant et maintenant, si vous ne voulez pas salir votre carrière », soutient avoir dit Sadou Keita.
Tard la nuit pendant qu’un entretien se tenait entre l’autorité régionale et les différentes autorités de Mali alors militarisée, « les tirs ont repris dans la ville. Nous avons ensemble compté jusqu’à 13 tirs. On a fait appel au colonel Issa qui a dit que ce n’est pas lui qui tirait. Et que si c’est lui, que la Fatiha le coupe en mille. Je lui ai demandé de faire arrêter les tirs et aussi les coups de feu ont cessé. Les cambriolages ont commencé à partir de là », a entre autres dit le gouverneur.
Le samedi 18 juin, les tirs ont repris dans la matinée. Face à l’appel du commandant de région qui demandait aux militaires de Mali de rentrer dans le camp : « J’ai entendu des voix se lever entre eux pour dire on refuse. Les militaires n’obéissaient ni aux autorités administratives, ni aux autorités militaires ».
C’est à cet instant que le gouverneur impuissant a informé son ministre de tutelle, pour lui faire part de la situation.
Par la suite, Sadou Keita a été instruit par sa hiérarchie de faire ordonner l’arrestation de l’agent qui aurait « frappé le jeune chauffeur » et de revenir avec le colonel Issa à Labé. Instructions qu’il à son tour transmises au commandant de la 2e région militaire de Labé, avec qui il était pour la même mission à Mali.
Le colonel Issa, on le rappelle, avait refusé de partir au camp El hadj Oumar Tall de Labé et a automatiquement rallié Conakry, quand il a quitté la résidence du gouverneur de Labé.
La prestation de serment du gouverneur pose problème
Il faut préciser qu’à l’entame de son témoignage, celui qui est considéré comme « un témoin clé » de l’affaire, avait oublié de prêter serment avant que le président de la cour ne le lui rappelle, quelques minutes plus tard. C’est donc en pleine intervention que Sadou Keita a été invité à lever la main droite et dire : « je jure de dire la vérité, rien que la vérité».
Cette situation a provoqué une grosse opposition entre les avocats de la partie civile et ceux de la défense.
Les avocats de le défense boudent l’audience
Au moment où les avocats de la défense posaient leurs questions au gouverneur de Labé, ils ont été hués par l’assistance. En réaction, Me Bérété et ses confrères ont ôté leurs robes noires et ont boudé l’audience.
Au moment où nous quittions les lieux, l’audience était suspendue et le public vidé de la salle.
Affaire à suivre…