Ce n’est plus un secret de polichinelle, le pouvoir militaire à Conakry a un agenda caché pour la presse. Dès l’avènement du CNRD au pouvoir, des simples actions de séduction en direction de la presse ont été posées.
Il s’agit d’abord de la nomination de plusieurs journalistes au sein des départements ministériels et même à la présidence. Ensuite, l’octroi d’une maison de la presse et l’augmentation de la subvention annuelle allouée aux médias.
On s’est précipité à applaudir sans se rendre compte que c’était de l’arnaque bien que personne ne pouvait l’imaginer.
La ministre de l’Information et de la communication, dame Aminata Kaba, elle-même, incapable de gérer la crise qui l’oppose aux travailleurs de la RTG, s’est réjouie, le 3 mai dernier, à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse qu’aucun journaliste ne soit emprisonné en Guinée.
Ce n’est pas totalement faux, mais la ministre Kaba a juste oublié qu’il n y a pas un mauvais chemin pour conduire un journaliste à la prison que de le contraindre à ranger sa plume et son micro.
Qu’elle reprenne donc son discours à défaut d’appeler son homologue porte-parole du gouvernement à faire autant. Car le pouvoir auquel il appartient est prêt désormais à museler la presse au nom de la refondation.
Au-delà du simple fait que ça ne relève de ses prérogatives, c’est de l’ignorance ou de la folie de s’arrêter devant les Cameras pour annoncer avec arrogance et mépris qu’un gouvernement qui a accédé au pouvoir par un coup d’État peut fermer un média.
C’est la première fois dans l’histoire de ce pays qu’un régime affiche officiellement sa volonté de clouer le bec des hommes de médias. Cependant, le faire en pleine lumière comme l’a dit Ousmane Gaoual Diallo, n’est qu’une façon de s’exposer sous un soleil de midi. Le CNRD est donc averti car, ça ne marchera pas.
La liberté d’expression a été obtenue sous le pouvoir militaire de feu général Lansana Conté, jamais elle n’a été menacée comme c’est le cas sous la gouvernance du Colonel-président qui se fait pourtant appeler l’ami de la presse.
Menace contre la liberté d’expression avec le cas des radios Sabari et Love FM, brouille des fréquences de certaines radios et la perturbation de l’internet, sont des instruments utilisés par la junte pour couper la langue aux journalistes au nom de son “sale boulot”.
Ce qui saute aux yeux, c’est le silence coupable des hommes, hier journalistes, aujourd’hui purs ennemis de la corporation qui les a défendus à des périodes difficiles, simplement parce qu’ils sont dans la mangeoire. C’est le principe “manger et se taire” qui s’applique.
Tous ces événements malheureux se passent au su et au vu de la Haute Autorité de la Communication (HAC), institution de régulation de médias, dirigée par un ancien journaliste, patron d’un média, de la Direction de la communication et de l’information de la présidence (DCI) dirigée également par un ancien journaliste, directeur d’une télévision de la place, du Directeur général de l’OGP ancien journaliste directeur général d’une célèbre radio privée à l’époque, du conseiller personnel du président lui-même, ancien journaliste fondateur d’un média, pour ne citer que ceux-là.
A un moment donné, soit on n’est pour ou contre, mais jamais les deux à la fois. Malheureusement, c’est ce qui semble nous prouver l’attitude de certains Guinéens tenus par l’ivresse du pouvoir.
C’est au président de faire la différence entre ceux qui se battent à ses côtés pour l’aider dans sa mission de réussir cette transition et ceux qui cherchent à le mettre en mal avec l’histoire.
Mais, il est impossible de prétendre se battre pour l’instauration d’une véritable démocratie et renoncer à la liberté d’expression. Que ceux qui s’érigent en obstacle à la liberté de la presse continuent de rêver en pleine lumière.
La refondation rime avec des valeurs incarnées par des hommes. Ces valeurs ont disparu, mon Colonel!