Le retour en Guinée du président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) est devenu une équation, sans doute, difficile à résoudre. Pourtant, le temps presse et l’attente commence à devenir de plus en plus longue et même ennuyante pour certains militants et sympathisants du parti. Après plus d’un an en exil, Cellou Dalein Diallo peine encore à rentrer. Et ce, malgré l’assurance donnée par le CNRD sur l’affaire liée à la vente d’Air Guinée dont il est soupçonné.
Qu’est-ce qui empêche réellement Dalein de regagner le bercail? A-t-il réellement besoin de garantie pour rentrer? Des questions qui, pour l’instant, restent sans réponse.
C’est en Avril 2022 que l’opposant Cellou Dalein Diallo, qui avait applaudi l’avènement du CNRD au pouvoir, a quitté le pays après la démolition de son domicile alors que le dossier était pendant devant la justice.
Depuis son exil prolongé, il participe à l’animation de la vie politique de son parti à distance. Il coordonne aussi plusieurs missions de l’UFDG en dehors de la Guinée à travers des conférences et meetings qu’il anime entre l’Angola, le Sénégal, la Belgique, la France et les États-Unis, entre autres.
Retour difficile
N’ayant pas confiance en la justice de son pays, Dalein décide de s’éloigner après qu’il ait été trimballé devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) pour le dossier Air Guinée.
«Je ne suis pas rassuré quant à l’indépendance de la justice. La manière dont elle a géré deux dossiers me concernant, a aggravé mes préoccupations (…) Ces deux affaires me font douter quant à l’indépendance de la justice», a déclaré l’ancien premier ministre.
De par son exil prolongé, ses détracteurs y déduisent sa culpabilité. Par contre, certains estiment qu’il a bien fait d’avoir quitté le pays à temps au risque d’être emprisonné comme c’est le cas des anciens dignitaires du régime Alpha Condé.
Conséquence d’un exil prolongé.
Si on reste dans l’esprit du chronogramme des 24 mois signé entre la Guinée et la CEDEAO, nous sommes à moins de 14 mois de l’organisation des élections pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Le risque pour l’UFDG, si Dalein continue de rester en exil, c’est de voir son leader écarté de la course pour la présidentielle. Déjà, lui et ses proches ont prêté le flanc à la junte en affirmant que la création de la CRIEF a un agenda caché.
«Une juridiction d’exception a été mise en place par un régime d’exception, mais on a vu que c’était une instrumentalisation encore de la justice pour se débarrasser des leaders politiques et pour mettre en prison des acteurs de la société civile guinéenne qui n’étaient pas d’accord avec lui sur la manière de conduire la transition», a dénoncé le leader de l’UFDG.
La quête de garantie
A chaque fois que la question lui a été posée, le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, a déclaré que Cellou et Sidya et tous les autres acteurs qui sont à l’extérieur du pays sont libres de rentrer. Cependant, il précise que ceux qui sont en conflit avec la loi doivent avoir le courage de venir affronter la justice.
N’ayant donc pas été rassuré par les annonces du ministre Gaoual avec qui d’ailleurs il est à couteau tiré pour la gestion de l’UFDG, Cellou Dalein continue de demander de garantie pour son retour. «Je pense qu’on a instrumentalisé la justice pour me discréditer aux prochaines échéances électorales. J’ai l’intention de rentrer en Guinée, je voulais simplement avoir des gages que la justice dira le droit et rien que le droit», a-t-il déclaré.
C’est d’ailleurs, ce manque de garantie qui rend difficile son retour au pays malgré le fait que les militants et les responsables de son parti ne manquent pas d’occasion pour montrer qu’ils sont prêts à accueillir chaleureusement leur leader.
Jusqu’à quand restera-t-il en exil ? Lui seul saurait répondre. Toutefois, d’aucuns estiment que Cellou Dalein doit rentrer au pays pour affronter la justice dans le dossier Air Guinée.