Depuis quelques années, les Guinéens sont influencés par le textile sénégalais. En dépit de la variété du textile guinéen (Lépi, Kendeli, Forêt sacrée), la plupart préfèrent se vêtir en boubou “Macky Sall” et en tissus moulants lors des différentes fêtes religieuses ou pour les cérémonies.
Dans les ateliers de couture et sur les réseaux sociaux, le phénomène des habits étrangers prend de l’ampleur : robes ornées de perles et de broderies, et tissus fins communément appelés ‘’Macky Sall”.
Djenab Sow est importatrice d’habits sénégalais. Elle fait le plein de commandes à l’approche de la fête de ramadan. « A l’approche des fêtes, je reçois énormément de commandes des tenues sénégalaises pour la simple raison que le textile guinéen est cher. Pour se procurer du textile guinéen, il te faut débourser au moins 250 à 300 mille GNF, sans parler du prix de la couture. Donc, contrairement aux produits finis de Dakar, c’est du prêt à porter et les tissus sont de qualité. A 200 mille, au lieu d’acheter un tissu guinéen et l’envoyer chez le tailleur, on a déjà un produit fini. Leurs tissus sont très abordables, imaginez que 3 pagnes Lépi non cousus coûtent 250 mille alors qu’avec le même montant, on a au moins 2 robes prêtes à porter », explique Mme Sow.
La plupart d’acheteurs d’articles sénégalais rencontrés soutiennent que la cherté du textile guinéen les oblige à opter pour les “Macky Sall”. Mais pour Amadou Souaré, vendeur de Lépi, la cherté du textile guinéen est un “faux prétexte”.
« Avant, vers les années 2016, je pouvais vendre jusqu’à 300 pagnes de Lépi à l’approche des fêtes surtout la fête de tabaski. Maintenant, les importateurs de “Macky Sall” ont ruiné notre marché sous prétexte que le Lépi est cher. Même si c’est vrai que les importateurs sachent que c’est notre identité et que la qualité demande un prix », soutient-il.
La question de la cherté du prix pourrait s’expliquer par la modernisation et l’industrialisation dans la fabrication du textile sénégalais tandis que le textile guinéen pour la plupart continue à être fabriqué à la main.
« Je crois que c’est plutôt une question de choix et de tendance, ça fait des années que je n’ai pas été chez un tailleur pour mes habits de fêtes parce que j’aime les habits fin du Sénégal. Ça n’a rien à voir avec les moyens financiers. C’est une question de convenance. Comme j’importe des tissus Macky Sall, j’en prends pour mes enfants et moi-même en même temps ça évite les tracasseries avec les tailleurs », raisonne Mamadama Sylla commerçante au marché Madina.
Malgré le prix qu’il reconnaît exorbitant, Souleymane Barry préfère s’habiller en textile guinéen que sénégalais car pour lui, c’est une question de fierté nationale « arborer un complet de Forêt sacrée où de Lépi pour moi ça n’a pas de prix, je suis fière de nos artisans qui malgré leur maigre ressource font l’effort de nous habiller. C’est cher, mais pas comparable au travail qu’ils fournissent, je n’aime pas les tissus importés ».
La construction d’usines de production et de fabrication dans le pays pourrait permettre aux artisans locaux de commercialiser à moindre coût et ainsi valoriser le textile guinéen.