Il est prévu en Guinée, bien que la loi ne soit pas respectée par tous, que les futurs mariés fassent l’examen prénuptial avant de pouvoir célébrer le mariage devant l’officier de l’Etat civil.
Selon le chef service de la médecine légale à l’hôpital Ignace Deen, le Pr Hassane Bah, l’examen prénuptial détermine si deux personnes sont aptes ou pas à se marier: «Il y a aujourd’hui des maladies qui se transmettent sexuellement, le VIH, la syphilis et l’hépatite B qui sont des maladies sexuellement transmissibles. Donc, ces examens prénuptiaux qui sont réalisés chez les futurs couples leur permettent de connaître ces statuts là. Je ne dis pas que c’est un handicap ou un obstacle au mariage, mais c’est très important que le couple soit informé afin de pouvoir prendre des décisions. Il y a aussi des maladies génétiques comme la drépanocytose et tant d’autres. Si par exemple, le couple est drépanocytaire SS, homozygote, il y a beaucoup de chance d’avoir des enfants drépanocytaires homozygotes et qui seront condamnés à ne pas vivre longtemps. Les études montrent que les drépanocytaires homozygotes, même dans les pays les plus développés, ne peuvent pas vivre au-delà de la trentaine. Donc, ils ont beaucoup de chance de mourir avant l’âge de 30 ans».
Et même, dans la situation ou le futur couple est hétérozygote, explique le médecin légiste, «en se mettant ensemble, ils ont beaucoup de chance d’avoir des enfants homozygotes. Mais, lorsqu’ils le savent déjà, je crois qu’ils vont prendre une décision personnelle».
Le médecin déplore, toutefois, le comportement de certains de ses confrères qui délivrent le Certificat de l’examen prénuptial en violation des principes fondamentaux: «Malheureusement, c’est un certificat qui est délivré partout et par tous les médecins. Ce qui est très dommage. Souvent, certains confrères ne respectent pas les principes fondamentaux qui exigent que les futurs mariés fassent tous les examens avant de leur délivrer le certificat. Mais de plus en plus, on a recours à la Médecine légale pour délivrer les certificats. Lorsque c’est de mariage par exemple entre une Guinéenne et un étranger où le mariage est célébré au ministère des Affaires étrangères, on exige que ce document soit délivré par le service de médecine légale».
Le spécialiste a mentionné le cas d’une séropositive qui, après que son statut sérologique est diagnostiqué positif, a voulu falsifier le certificat pour pouvoir célébrer son mariage. «J’ai eu une Guinéenne qui devait se marier à un Français. Lorsque j’ai fait l’examen, j’ai trouvé que la femme était séropositive. Je lui ai dit que le secret médical voudrait qu’elle informe son futur conjoint sur son statut sérologique. Mais en ma présence, ce n’est pas de me dire que je l’ai informé. Je suis garant du secret professionnel. C’est ce qu’elle a refusé de faire. Elle a tenu à ce que je ne déclare pas sur son certificat comme quoi médicalement elle avait de problèmes. Elle a fait intervenir beaucoup de personnes, mais je suis resté sur ma position. Ce qui fait qu’elle n’a pas voulu prendre le document».
“Une autre fois, révèle Pr Hassane Bah, c’était toujours par rapport au VIH. Là, le monsieur a informé son épouse. Je leur ai fait entrer dans mon bureau et je leur ai expliqué les risques qu’ils encouraient si toutefois, ils se mariaient».
Du point de vue de la loi
M. Mamadou Kana Baldé, officier de l’Etat civil de Ratoma indique qu’il y a un certain nombre des dossiers à fournir à l’Etat civil 10 jours avant le mariage, notamment le Certificat médical prénuptial pour le couple délivré par les médecins: «Si vous devez vous trouver une fille, avant d’envoyer les colas, la première chose c’est de savoir si vous êtes compatibles avec votre futur épouse. Il y a certains qui font 5 ans ensemble sans avoir d’enfants. On accuse l’épouse d’être sorcière ou infertile. Alors que si le couple avait accepté de faire l’examen prénuptial, il aurait su à l’avance leur incompatibilité. L’autre aspect, c’est que les gens font le mariage religieux d’abord avant de venir célébrer leur union devant l’Etat civil».
Le Code civil, en ses articles 201 et 2011, rend obligatoire le Certificat médical prénuptial avant la célébration du mariage devant l’officier de l’Etat civil. Mais force est de constater que cette loi n’est pas respectée en Guinée.