La Cour suprême a rejeté la demande de mise en liberté d’Aboubacar Sidiki Diakité (Toumba), incriminé dans l’affaire du massacre au stade du 28 septembre, en 2009, à travers un verdict rendu ce mardi 15 juin. Fortement touché par cette décision, l’avocat de l’ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara a dénoncé l’injustice dans ce dossier.
« C’est avec beaucoup d’amertume, beaucoup de douleur, beaucoup de tristesse et d’étonnement que nous avons accueilli cet arrêt de la Cour suprême de notre pays qui reçoit le pourvoi parce qu’à la forme, il ne souffre d’aucune ambiguïté, d’aucune violation mais au fond le rejette purement et simplement sans autre détail», regrette Me Paul Yomba Kourouma.
Il estime que l’arrêt rendu par la Cour suprême est en contradiction avérée avec les débats qui se sont déroulés devant la Cour et, au cours desquels, le procureur général près la Cour suprême lui-même aura attesté que les moyens soulevés par la défense étaient imparables.
L’avocat ajoute que le procureur avait cependant reconnu que le titre de détention n’avait à aucun moment été renouvelé et la conséquence de cela devrait être la mise en liberté pure et simple du détenu et cela conformément aux dispositions du code de procédure pénale.
«Le tribunal de première instance de Dixinn a constaté cette évidence, la Cour d’appel encore moins, la Cour d’appel vient de dénier cette réalité. Nous avions pensé qu’elle devait corriger les tares et insuffisances qui émaillaient les jugements antérieurs rendus par les juridictions de base, que la Cour suprême aurait dit le droit, que l’Etat de droit aurait triomphé à travers son arrêt et que les droits de Toumba seraient restaurés. Mais nous constatons qu’aucune juridiction nationale ne peut avoir le courage d’assumer sainement le sacerdoce, de dire le droit. Sincèrement nous sommes ahuris. Toumba est aujourd’hui malade. Il pensait sortir pour faire face à sa pathologie qui n’a jamais à aucun moment, depuis sa détection, été prise en charge. Il ne bénéficie d’aucun soin, même infirmier. Il opère par automédication», a révélé Me Paul Yomba.
«Toumba est toujours considéré comme le sacrifice, l’agneau qui va expier la forfaiture de ses pairs. C’est lui qui, en définitive, paiera pour tout le monde. Mais nous ne comptons pas nous arrêter là. Nous nous adresserons aux juridictions supranationales qui, elles, diront le droit», laisse-t-il entendre.
Le mandat n’a pas été renouvelé, on ne peut le fabriquer, dira Me Paul Yomba Kourouma chemin faisant, «à force d’oublier Toumba dans les geôles, à force de le marginaliser, de le ségréguer, de le rejeter, on a fini d’oublier même le renouvèlement de son mandat. Les juges savent qu’en libérant Toumba, ce sera une libération définitive au regard des dispositions de la loi. L’omission par un juge de renouveler le mandat, emporte simplement la mise en liberté sans condition du prévenu. Or, Toumba étant destiné à être sacrifié, ce serait suicidaire pour eux. C’est vraiment une honte pour notre justice.»