Après avoir décliné les ambitions du gouvernement de transition relatives à la future constitution que le CNT s’apprête à écrire, le Premier ministre guinéen a invité cette institution à beaucoup plus de vigilance dans son travail.
Dans son discours prononcé lundi devant les conseillers nationaux à l’occasion de l’ouverture du débat d’orientation constitutionnel, initié par le Conseil national de la transition qui se poursuit au Palais du peuple, Bernard Gomou souligne que le futur texte doit tenir compte du fonctionnement normal des Institutions de la République.
Selon le chef du gouvernement, les aspects liés à l’animation de la vie politique, le financement des partis politiques, leur fonctionnement ainsi que les conditions de la création des formations politiques doivent être améliorés dans la nouvelle constitution.
«Il nous apparaît urgent que pour permettre le fonctionnement harmonieux et équilibré de nos institutions, les nouveaux textes doivent être plus précis sur leurs natures et leurs domaines de compétences. Dans ce dispositif, l’indépendance et l’impartialité de l’appareil judiciaire doivent être au centre de vos réflexions. Nous devons être attentifs que dans un contexte de véritable retard socio-économique de notre pays, l’instauration d’un climat de paix durable devient indispensable. Nous appelons à la vigilance de votre institution pour examiner le juste équilibre entre le droit légitime d’exercice des libertés publiques et la nécessité de préserver la quiétude sociale, les édifices publics ainsi que la sécurité des personnes et leurs biens. Quant à l’animation de la vie politique dans notre pays, on peut s’interroger sur la pertinence de maintenir des conditions favorisant la prolifération des partis politiques. En effet, le paysage politique guinéen gagnerait à mieux légiférer sur les conditions de création des partis politiques afin de vivifier et qualifier le débat politique et améliorer l’offre politique. La question de leur financement et de leur fonctionnement doit être également abordée. Au titre des élections, le choix à faire entre l’organisation d’un ou plusieurs scrutins en même temps doit prendre en compte un environnement social caractérisé par un faible taux d’instruction du corps électoral d’une part, et les contraintes administratives liées à l’identification des citoyens d’autre part. En conséquence, le droit à l’éducation pour tous est fondamental tout comme l’accès à l’instruction. Ils doivent être inscrits car l’ignorance est le plus grand frein à l’épanouissement de l’individu et de la société, et une menace pour la nation », a alerté le PM.
Dr Bernard Gomou, évoque aussi les objectifs que recherchent les autorités de la transition par l’adoption de la nouvelle Constitution, dont entre autres, la capacité de l’Etat à assumer la mission qui lui revient. Pour y arriver, il estime qu’il est nécessaire de doter le pays d’une administration publique au service des citoyens.
«La jouissance du droit civique de vote doit être adjointe à la délivrance des documents adéquats pour l’accomplissement du devoir de citoyen. L’obligation de cette délivrance des documents d’identification du citoyen guinéen, y compris celui établi à l’étranger, doit être mentionnée. Concernant les candidats aux différents scrutins, le principe d’équité doit s’appliquer pour l’accès aux moyens électoraux pour tous les candidats. L’établissement d’un État en capacité d’accomplir les missions qui lui reviennent figure parmi les objectifs recherchés par l’adoption de notre constitution. Pour y parvenir, il est indispensable de se doter d’une administration publique de qualité au service de tous nos concitoyens. C’est à ce prix que nous fonderons un État fort susceptible d’assurer la sécurité et le bien-être de tous, y compris pour les Guinéens établis à l’étranger, pour lesquels les autorités de la transition consentent des efforts inédits pour leur rapatriement lors de crises qui les mettent en situation de détresse. A ce titre, le fonctionnement de l’Administration publique requiert un suivi et un contrôle renforcé, afin que l’exemplarité, la recevabilité, la neutralité et la notion de service public s’imposent à l’ensemble des agents de l’Etat», a suggéré le chef du gouvernement.