“Nous sommes dans un monde rural où les gens sont attachés à la culture. Une culture qui se veut être en terme de supériorité, qui met l’homme au-dessus de la femme”.
Le mois de mars est une occasion mise à profit pour se pencher sur la question de la femme. Un mois de prise de conscience chez les hommes et les femmes elles-mêmes. Cependant, la période devrait être aussi consacrée aux sensibilisation en vue de lutter contre les violences basées sur le genre (VBG).
Sauf qu’à Faranah, 3 femmes sur 5 font l’objet de violences dans leurs foyers dans la préfecture et dans certaines zones rurales.
Ces femmes sont souvent victimes de trois types de violences conjugales: physique ( coups et blessures, atteinte à leur l’intégrité corporelle de façon volontaire, etc.); psychologique (diffamations, injures et menaces) et des violence économiques ( l’abandon de famille), selon le code pénal guinéen.
Mais, la plus récurrente est la violence physique. “Tous ces agissements ont pour sujet, les femmes. Cela est lié un peu à la tradition. Nous sommes dans un monde rural où les gens sont attachés à la culture. Une culture qui se veut être en terme de supériorité, qui met l’homme au-dessus de la femme. Cette conception d’esclave existe encore…”, évoque Mamadou Magassouba.
Ces cas de violences basées sur le genre sont récurrents dans certaines zones par le fait qu’il y a un problème d’accès à la justice.
Face à ces comportements, le parquet de Mamadou Magassouba donne une réponse conformément aux recommandations lors des Etats généraux des droits de l’Homme tenus en 2011. Ces difficultés ont été identifiées et des solutions ont été apportées.
“Quand vous prenez le ratio des forces de sécurité par rapport à la population, c’est minime. Vous verrez des sous-préfectures de plus de dix mille habitants avec un seul policier, dès fois un bénévole. Vous partez dans les districts, vous ne trouverez aucun policier ou gendarme”.
Cette problématique de l’accès à la justice interpelle non seulement les gouvernants et d’autre part, les citoyens, a lancé le magistrat.
Il faut signaler que les violences conjugales ont connu une sorte d’enracinement dans la ville de Faranah et dans les zones rurales. Cela s’explique par le fait que certaines familles préfèrent règler leurs différends à l’amiable.
“Vouloir porter plainte, c’est mettre en danger le lien conjugal. Parce qu’un mari qui se fait trainer en justice par sa femme, après le jugement, c’est le divorce qui suit. C’est ça la conception”.
Chemin faisant, le parquet du procureur près le tribunal de première instance de Faranah est souvent saisi par les organisations de défense des droits de femmes, la presse ou le club des jeunes filles leaders de Faranah.
En Guinée, les faits de coups et blessures volontaires sont punis dans les dispositions de l’article 239 du code pénal; les faits de menace sont punis par l’article 282; les faits d’injures et diffamations sont aussi punis par l’article 363; et l’abandon de famille, prévu et puni par les dispositions de l’article 369 du code pénal.
Le procureur Mamoudou Magasouba croit qu’en vulgarisant les textes de loi, et en procédant également à la sensibilisation, le fléau pourrait être éradiqué.