A Conakry, sur l’autoroute «Le Prince», les citoyens déposent les ordures sur le terre-plein, parce qu’on le leur a autorisé. C’est le feu gouverneur de Conakry, Soriba Sorel Camara qui en avait donné l’ordre en 2014, affirmant que les camions-poubelles viendraient ramasser ces immondices. Sauf qu’aujourd’hui cela a été interdit.
Des sacs plastiques bleus remplis d’ordures par-ci, des sacs par là, des crasses remplis de chenilles un peu partout, le tout malmené par des vas-et-viens des voitures qui produisent du vent, l’atmosphère toute particulière d’une voie caractérisée par un parfum (odeur nauséabonde), c’est le constat qu’on peut faire sur cette route aujourd’hui..
De la T7 à Hamdallaye, en passant par les quartiers Wanindara, Cité Enco-5, Cosa et Bambéto, c’est le même constat qui prévaut depuis plus de 1095 jours. Pour une action aussi “malsaine” dont la responsabilité est imputable aux “citoyens et au gouvernement“, les réactions des deux côtés ne manquent pas à fuser.
“On le fait malgré la mauvaise image que ça produit. Nous savons que ce n’est pas bon, mais nous le faisons parce qu’on n’a pas de dépotoir. Ils nous avaient permis de le faire. Ils n’ont qu’à nous aider à avoir des décharges“, se défend Kadiatou Sow, ménagère.
Pour Sadjo Barry, riveraine, la responsabilité est imputable aux “citoyens éloignés de la route. Nous les riverains, nous jetons loin nos ordures. Aujourd’hui j’avais même honte d’étaler ma marchandise à côté de cette route à cause de l’environnement insalubre. J’ai été obligée de la couvrir par un pagne“, a-t-elle ajouté.
Ces ordures servent parfois aux mécontents des coupures de l’électricité. Car ce sont ces ordures qu’ils déversent dans la rue. Mais cela crée des conséquences sur la circulation. D’abord ça crée d’énormes bouchons, puisqu’il n’y a pas de passage, ensuite ça crève les pneus des véhicules. “Dès fois ces ordures mélangées au fer crèvent les pneus, créent des embouteillages et des problèmes sanitaires“, ajoute Mamadou Saliou Diallo, chauffeur.
Prenant le contre-pied des affirmations des citoyens, le Directeur des micros-réalisations de la mairie de Ratoma, Frigui CAMARA, explique l’origine du problème : “C’est lors d’un passage de feu Soriba Sorel CAMARA dans ces localités, qui avait autorisé les citoyens de mettre les ordures sur les terre-pleins pour faciliter aux éboueurs le ramassage des ordures, dont il s’occupait la gestion. Malheureusement sa politique n’a pas marché puisqu’après un mois de l’annonce il a été dépossédé de cette mission pour être remise à l’armée, qui l’accompli comme elle peut. Depuis lors, nous avons fait des sensibilisations pour qu’ils arrêtent de jeter les ordures là-bas. Nnous avons augmenté le nombre de PME à 46 pour qu’ils s’abonnent, mais rien à faire. C’est devenu une culture pour eux“.
Avant que le message des citoyens plaignants ne soit entendu, pour l’instant, chacune des deux parties continue ses habitudes quotidiennes. Les citoyens jettent les ordures dans un lieu inapproprié et les ramasseurs se plaignent du non payement des salaires.