L’ancien ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Abdoulaye Chérif DIABY, a comparu à nouveau ce mardi 15 novembre 2022, devant le tribunal criminel de Dixinn. Les débats ont été centrés en grande partie sur la responsabilité du ministre sur la substitution de certains corps après les massacres au stade du 28 septembre de Conakry. Au terme de l’audience, les avocats des différentes parties ont livré des avis différents par rapport à ses déclarations.
Me Bomby Mara, avocat du colonel Abdoulaye Cherif DIABY :
« Pour la restitution des 57 corps, une deuxième commission a été mise en place, celle qui consiste à la restitution des corps aux parents des victimes. Cette commission était composée de hautes personnalités de l’État. C’étaient les membres des confessions religieuses, à savoir le grand imam de la mosquée Fayçal, l’archevêque Mgr Vincent Koulibaly, le ministre Koutoubou Sanoh que tout le monde connaît et un autre. Cette commission a restitué les corps en présence des médias d’État, et France 24. C’est au vu et au su de tout le monde.
Personne n’a déposé une plainte au ministère de la Santé ou auprès du parquet général ou d’instance. Donc venir inventer des déclarations ici, j’estime que ça c’est pour faire plaire. Ça n’a aucun sens. Le parquet devrait avoir toutes les dispositions afin de présenter des preuves éloquentes à l’encontre de mon client. Mais à date, je suis à la supériorité de preuves. Mon client est très serein et se sent libéré parce qu’il a donné sa part de vérité».
Me Salifou Béavogui avocat du col Claude Pivi, le col Ibrahima Sory Camara dit Kalonzo, le commandant Marcel Guilavogui et l’adjudant Mamadou Aliou Keita, tous des co-accusés du colonel Abdoulaye Cherif DIABY :
«Le ministre Diaby est un homme honnête et sincère qui a dit ce qu’il a fait en réalité. De son parcours depuis Lansanaya lorsqu’on l’avait interpellé de revenir trouver des ambulances pour transporter les blessés, jusqu’au moment où il a mis en place un comité de suivi et de gestion de la crise, je n’ai relevé aucune infraction contre lui. C’est un innocent qui ne méritait pas d’être dans ce dossier…
Comme beaucoup de personnes racontent dans la ville que le colonel Pivi était vu à Bellevue et dans la ville en train de s’attaquer aux manifestants, ce jour là, le colonel Abdoulaye Cherif DIABY a fait le parcours, il a quitté Lansanaya jusqu’au camp, il n’a pas croisé le colonel Pivi, toute la journée. Donc, la thèse selon laquelle le colonel Pivi est resté en place et n’a pas pris part de près ou de loin à ces événements me rassure».
Me Lancinet Sylla avocat de Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba accusé également dans cette affaire, crie à l’obstruction et à la concertation frauduleuse :
«Vous avez la défense de M. Dadis qui est déterminée à faire tout pour faire obstruction à la manifestation de la vérité. Vous avez la défense de M. Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba qui milite en faveur de la manifestation de la vérité dans cette affaire. C’est ce qui se passe. Vous avez vu que M. Abdoulaye Cherif DIABY a décidé de ne pas dire la vérité et de couvrir la responsabilité du capitaine Moussa Dadis Camara dans cette affaire.
Des corps ont été enlevés dans les morgues et déposés au niveau de la résidence du feu général Lansana Conté. Un premier camion a été vu en ce lieu dans les environs de 14 heures, d’après le feu général Toto. Vous avez trois autres camions qui ont été vus, transportant 54 autres corps. Alors, il ne veut pas que cette vérité soit sue et ces propos de M. Toto sont confirmés par le général Théa qui a aperçu M. Abdoulaye Cherif DIABY devant la résidence du feu Général Lansana Conté. C’est ça les faits du dossier et nous avons donné lecture de ces PV pour que tout le monde sache que c’est ça la réalité. C’est la réalité qu’il veut cacher. Il ne veut pas que la vérité soit dite au peuple de Guinée. Il y a une concertation frauduleuse en vu d’empêcher la manifestation de la vérité. Mais ça ne marchera pas. Tout le monde est là et tout le monde suit cette affaire».
Me Amadou Oury Diallo, avocat de la partie civile:
«C’est vraiment très dommage. Nous avons vu un ancien ministre de la Santé fuire ses responsabilités. Un ministre, au moment des faits, qui était responsable de la Santé et de l’Hygiène publique, qui devrait s’occuper des blessés et des différents corps, qui ne connait absolument rien. Il n’a rien appris, n’avait effectué aucun déplacement, ni en vers les blessés, ni en vers les femmes violées, ni en vers les leaders politiques.
Quelqu’un qui n’a pas voulu coopérer avec la Croix-Rouge nationale et internationale alors que c’est cette Croix-Rouge qui a ramassé les corps pour les acheminer au niveau des différentes morgues, je pense que la partie civile a été très désolée de voir un tel ministre à la barre».