Connu pour son franc-parler, le président du Cnosc-ddgM, Salmane Diallo se se prononce sur la situation sociopolitique guinéenne.
Il soutient la grève contre la hausse du prix du carburant, mais n’approuve pas les manifs en haute banlieue. Pour qu’elles aient plus d’impacts et aboutissent à des résultats, «les manifestations doivent se tenir à Kaloum», estime M. Salmane Diallo. 5 mois apres les communales, souligne-t-il dans cette interview, il faut installer les élus dans les 342 communes du pays et pour lui, la nouvelle loi sur la Ceni est «un échec».
Quel est votre position par rapport à l’augmentation du prix du carburant?
Le Conseil national des organisations de la société civile pour la démocratie et le développement en Guinée (Cnosc-ddg) condamne avec la dernière énergie l’augmentation du prix du carburant à 10 000 Gnf et demande sa diminution à 8 000 Gnf.
Le gouvernement soutient qu’il n’a fait qu’appliquer une recommandation du Fmi. Qu’en dites vous?
Je rappelle que si le gouvernement a des déficits financiers, il avait d’autres dispositifs qu’il pouvait prendre au lieu d’augmenter le prix du carburant. Notamment, la réduction du Budget de fonctionnement de la Présidence de la République, de la Primature, de tous les départements ministériels ainsi que de l’Assemblée nationale. Et également, les primes des ministres et des députés. Il faut réduire les voyages du chef de l’Etat. Il ne s’agit pas seulement de demander aux citoyens d’attacher les ceintures, les dirigeants doivent aussi faire autant.
Qu’est ce vous reprochez aux députés dans cette situation?
Les députés ont trahi le peuple qui les a élus. Ils sont en mission de défendre l’intérêt de la population. Alors qu’est-ce qu’ils ont fait après l’augmentation du prix du carburant ? Ils n’ont pas agi en tant que représentants du peuple.
Que devraient ils faire?
Il y a eu le communiqué de l’augmentation du prix du carburant dans la nuit du samedi 7 juillet. Chaque groupe parlementaire devraiemt le lundi suivant adresser un courrier au gouvernement pour lui demander de diminuer le prix. Je suis convaincu que s’ils l’avaient fait, le prix allait être diminué.
Comment expliquez-vous le silence du Conseil économique et social (Ces) ?
Le Ces est composé des représentants de l’administration et des acteurs du mouvement social. Le syndicat, la Société civile qui sont en train de parler aujourd’hui ont tous des représentants au Ces. Il faut les interpeller pour qu’ils s’expliquent pourquoi leur silence face à l’augmentation du prix du carburant.
Les forces sociales ont marché mardi 10 juillet de la Tannerie à Dixinn Terrasse en passant par Bellevue. Vous n’y étiez pas. Pourquoi?
Le Cnosc-ddg ne soutiendra jamais que des manifestations soient organisées en haute banlieue seulement. Pourquoi pas en ville ? La Présidence de la République, la Primature , l’Assemblée nationale se trouvent à Kaloum et non pas à la Tannerie ou à Dixinn. La marche organisée de la Tannerie à Dixinn en passant par Bellevue n’a été qu’un feu de paille puisque ça ne dérange pas le pouvoir. Si on se retrouvait au Palais du peuple pour interpeller les députés. Normalement, à partir du moment qu’on avait une Assemblée nationale, les acteurs de la société ne devaient pas trop parler. Il faut d’abord, rencontrer les députés et le Ces pour savoir leurs positions vis-à-vis de l’augmentation du prix du carburant puisqu’il faut qu’ils soient associés dans la marche. Après, il faut rencontrer le Premier ministre qui est un économiste qui connaît les problèmes de la Guinée. Si on n’arrive pas à régler le problème, ensuite, on rencontre le Chef de l’Etat.
Mais, le président Alpha Condé a dit n’avoir pas été informé de la décision d’augmenter le prix du carburant.
S’il n’a pas été informé de l’augmentation brusque du prix du carburant, le chef de l’Etat doit sanctionner ceux qui ont pris cette décision. Cela justifierait qu’il n’est pas responsable de la situation. A défaut, il doit endosser parce qu’il est le père de la nation.
Les forces sociales projettent une marche verte mardi prochain à travers tout le pays. Le Cnosc-ddg va-t-il rejoindre le mouvement ?
Nous avons prévu une réunion au cours de laquelle nous allons prendre la décision. Mais avant, nous allons nous informer sur l’itinéraire et les messages véhiculés. Nous soutenons les revendications , mais il ne s’agit pas de manifester pour manifester seulement. Il ne s’agit pas de faire des manifestations pour intimider le pouvoir pour avoir des postes ou pour des miettes. Il s’agit de manifester pour avoir un résultat celui de l’amélioration des conditions de vie de la population. Si c’est le cas, nous allons soutenir. Les pauvres citoyens qui habitent Hamdallaye, Sonfonia ou Kagbelen ont trop souffert. Alors, les institutions sont en ville. C’est là-bas, les manifestations vont avoir plus d’impacts si on veut avoir des résultats. C’est les habitants de la route Leprince qui manifestent, érigent des barricades. Il ne faut pas les faire souffrir davantage.
Le gouvernement a décidé d’installer partiellement les conseillers communaux de 330 sur les 342 communes rurales et urbaines du pays. Quel est votre avis ?
Le Cnosc-ddg veut l’installation de tous les élus locaux. Il y a deux solutions : soit, il faut recompter les voix ou reprendre partiellement l’élection dans les 12 communes qui souffrent de contentieux.
Une nouvelle loi sur la Ceni a été adoptée. Désormais, pour y sièger, le parti doit avoir participer aux deux dernières élections nationales, la présidentielle et les législatives et avoir au moins deux députés au Parlement. Qu’en pensez-vous?
Personnellement, je n’approuve pas cette nouvelle loi. Les députés doivent accepter de tenir compte des réalités de terrain. Vous allez voir cette nouvelle loi est un échec total. Les partis politiques représentés au Parlement se sont retrouvés pour se partager le gâteau. Quand on se partage quelque chose si on ne veut pas qu’il y ait de cris après, la sagesse recommande de penser aux absents et aux petits. La Ceni qui sera installée sera zéro. Les partis politiques puissants à l’Assemblée nationale ont décidé d’exclure ceux qui n’y ont pas des députés et la société civile ainsi que les hommes expérimentés. C’est de la même manière, ils avaient fait avec le Code électoral. La même façon que l’actuelle Assemblée a agi c’est de la même façon que le prochain parlement va se comporter. Cela veut dire que tôt ou tard la loi sera révisée dès qu’une nouvelle Assemblée nationale sera mise ne place.