La présidente de la Haute autorité de la communication (Hac) s’est prononcée, ce mardi 13 novembre 2018, sur le cas de Mouctar Bah, correspondant de RFI en Guinee visé par une plainte du ministère de la Défense suite à son reportage faisant état de l’implication des bérets rouges dans l’assassinat de deux jeunes à Wanindara le 7 novembre dernier.
La présidente de la Hac a expliqué que lors de leur entretien, hier lundi, le correspondant de Rfi, Mouctar n’a pas pu fournir des preuves de son reportage: “Nous avons posé des questions à Mouctar Bah à partir de la plainte que nous avons reçue. Nous avons retranscrit son reportage parce qu’il faut avoir des preuves de ce que tu avances. Il a dit que les témoins lui ont dit qu’il y avait les bérets rouges. Nous lui avons posé des questions s’il a des preuves. Il dit non qu’il a eu des témoins. (…) J’ai dit que l’heure est tellement grave que si vous avancez les choses comme ça. On ne veut pas qu’un journaliste soit brimé dans sa profession. Il a reconnu qu’il n’a pas des preuves. Il dit qu’il a joint les témoins à 23 heures et qu’il s’est assis jusqu’à 2 heures pour travailler et dès 6 heures, il a balancé sur la radio mondiale. Donc, le monde entier a su qu’il y a deux personnes qui ont été tuées par des bérets rouges. On lui a dit qu’il a fait cela avec beaucoup de légèreté. Les témoins c’est important, mais est-ce qu’ils ont la preuve“.
Poursuivant, Martine Condé a indiqué : “Nous avons dit ”Mouctar tu nous exposes parce que ça nous fait mal en tant que protecteur des journalistes que tu fasses de choses comme cela”. Mais ce n’est pas la première fois qu’il tombe dans les mêmes problèmes. Hier Mouctar Bah n’a pas pu nous fournir des preuves palpables et qui puissent nous permettre de le défendre, parce que si on a ça, on a l’habitude de défendre nos journalistes. (…) Chaque fois qu’il y a problème, le militantisme de Mouctar Bah remonte à la surface et il oublie la déontologie du métier parce que quand il parle on sent le militant, l’ethno. C’est le manque flagrant de professionnalisme parce qu’il a reconnu qu’il n’a pas des preuves. RFI qui a publié aussi, pourtant on les avait avertis, mais ils oublient n’importe comment. (…) On a dit à Mouctar quand ton élément est passé c’est le lendemain le policier a été tué. Il faut réfléchir à ça parce que tu as allumé le feu à Wanindara“.
Selon Mouctar Bah, il avait tout fait pour avoir la version de l’armée, mais en vain. “D’abord, il y a une convocation du ministère de la Défense que mon papier passé sur l’armée où j’ai dit que selon des témoins, selon les proches des victimes, des bérets rouges sont venus sur une moto et ont tiré sur les gens qui étaient devant leur porte qui attendaient de traverser pour aller regarder un match de football. On estime que je n’ai pas équilibré mon papier qu’il fallait appeler le ministère de la Défense pour recouper l’information. J’ai dit que c’était aux environs de minuit donc, je ne pouvais pas appeler à cette heure-là. Le lendemain, j’ai tout fait toute la journée pour avoir une version, mais ils m’ont dit que comme le papier est déjà passé c’est grave. Moi, je me dis que ce n’était pas grave. Alors, on a discuté autour de ça, ils m’ont laissé partir. Ils disent qu’ils vont siéger pour prendre la décision (…) Je ne me reproche de rien“, a conclu Mouctar.