Certes, Alpha Condé n’a pas encore exprimé officiellement sa volonté de s’offrir un 3e mandat. Mais le fait de refuser de trancher le débat en invoquant la volonté des citoyens laisse paraître des velléités anticonstitutionnelles.
La Constitution guinéenne en son article 27 dispose : «Le mandat du président de la République est 5 ans renouvelable une fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels, consécutifs ou non».
D’après cette disposition, il n’est donc pas permis au chef de l’Etat de continuer à diriger la Guinée au-delà de 2020. Va-t-il respecter la Constitution ?
Au lieu de trancher, une fois pour toute, comme l’ont fait ses homologues ivoirien, Alhassane Ouattara et nigérien, Mahamadou Issoufou, le président guinéen entretient le doute. «Une Constitution c’est le peuple. Si demain, le peuple de Guinée veut changer la Constitution, il y a un référendum, mais la Cour constitutionnelle ne peut que constater», a déclaré Alpha Condé dans une interview accordée à la Rtg.
Dans une autre interview, en avril dernier, avec le magasine britannique The Economist, Alpha Condé avait déclaré que la limite de mandat n’est pas favorable au développement de l’Afrique. «Les présidents africains ne devraient pas avoir de limites de mandats, car elles les empêchent de réaliser des projets ambitieux à long terme», disait-il.
Sur la question d’un éventuel 3e mandat, il répondait que «c’est la décision de la population guinéenne, pas la mienne».
Les modalités de la révision de la Constitution sont prévues en son article 152 : «L’initiative de la révision appartient concurremment au président de la République et aux députés».
Au regard de cette disposition, c’est bien possible de modifier la Constitution par référendum ou par l’Assemblée nationale.
Toutefois, l’article 154 de la Constitution stipule que «la forme républicaine de l’Etat, le principe de la laïcité, le principe de l’unicité de l’Etat, le principe de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs, le pluralisme politique et syndical, le nombre et la durée du mandat du président de la République ne peuvent faire l’objet d’une révision».
Le fait de n’avoir jamais cité l’article 154 ci-dessus dans toutes ses déclarations sur une éventuelle révision constitutionnelle, Alpha Condé laisse donc entrevoir le scénario d’un 3e mandat ou à défaut, d’un glissement au-delà de 2020 comme le fait Joseph Kabila au Congo.