Dans un entretien qu’il nous a accordé ce samedi, 11 avril 2020, le président du conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSCG), se dit très préoccupé par la propagation inquiétante du Covid-19 en Guinée.
Selon les dernières statistiques fournies par l’ANSS, la Guinée a enregistré à la date du 11 avril, 250 cas confirmés, soit 17 cas de guérison et zéro cas de décès.
Face à cette triste réalité, Dansa Kourouma, opte désormais pour le confinement partiel de la capitale, de 14 heures à 6 heures du matin.
L’ activiste de la société civile, s’est prononcé par ailleurs, sur la menace de manifester du FNDC et la promulgation de la nouvelle constitution du 22 mars dernier.
Guinée360: Face à la propagation de la maladie Coronavirus en Guinée, vous demandé aux autorités de confiner partiellement la capitale de 14 heures à 6 heures du matin pour une période de 21 jours. L’inspiration est partie de quel constat ?
Dansa Kourouma: Il s’agit d’un constat que j’ai fait de la situation. Le confinement c’est une mesure qui a été prise par les pays développés, qui n’ont pas les mêmes réalités que les pays africains. Mais il se trouve que ça fait partie des recommandations de l’organisation mondiale de la santé. Parce que l’OMS c’est elle qui donne les conseils et les directives en matière de prévention et de lutte contre les pendemies. Alors, comme le confinement a été utilisé dans les autres pays et que ça donné de bons résultats, pourquoi pas Conakry ? Mais, j’ai estimé qu’avec le train de vie des Guinéens, le confinement total sera contre-productif. Je crois que y a plus d’activités dans la journée que la nuit. Donc confiné les citoyens de Conakry la nuit n’apporte pas de la valeure ajoutée en terme de la limitation de la propagation de la maladie. À Conakry 6 heures du matin tout le monde se lève et prend une même direction pour aller chercher le quotidien et le soir nous rentrons à la maison. Quand vous regardez ce train de vie là, c’est la même courbe. Donc confiner les gens de 21 heures à 6 heures ne change à rien ce train de vie là.
À ce niveau, est-ce que vous voulez dire qu’en lieu et place de ce couvre-feu de 21 heures à 6 heures du matin il faut plutôt confiné les gens seulement pendant la journée ?
Le raisonnement que je donne, je ne dit pas de lever le couvre-feu pendant la nuit. Il restera. Mais en plus de cela , il faut prendre une partie des libertés collectives et individuelles pendant 21 jours, quelques soit les mesures d’accompagnement qu’on doit apporter à la population en ce moment. Mais pour maîtriser l’épidémie, casser la courbe qui est exponentielle aujourd’hui, qui est croissante tous les jours, il faut que les gens acceptent de faire leurs activités entre 6 heures du matin et 14 heures et rentrer à la maison. Aller faire le marché, si on vient au bureau pour signer des papiers, réduire les activités de l’administration publique et certains privés qui peuvent prendre des mesures. Mais les activités d’achat quotidien et les déplacements pour rendre visite à la famille, ses amis, ces choses-là, en période d’urgence on doit y renoncer. Ce n’est que dans une période limitée dans le temps. Vous ne pouvez pas avoir l’impact du confinement sans renoncer à ses libertés. C’est pour diminuer le contact entre les personnes et les services. Et pour sortir pendant cette période il faut que ça soit pour le service essentiel et vous portez obligatoirement votre masque et d’autres moyens de protection.
L’ inquiétude c’est la façon dont vivent les Guinéens. On sait que la plus part vivent au quotidien. Parce qu’ils n’ont pas les mêmes réalités que les autres pays dont vous faites allusion ?
Quand on est dans une situation d’urgence sanitaire, ça veut dire que chacun doit renoncer à une partie de ses droits et de ses libertés. Mais vous ne pouvez pas être dans une situation d’urgence sanitaire et jouir de la pleniture de vos libertés. C’est contradictoire. C’est pourquoi d’ailleurs ça marche pas en Guinée. Parce que nous voulons garder nos trains de vie quotidienne, alors que nous sommes dans une situation d’urgence sanitaire mondiale. J’ai tenu compte du train de vie de Guinéens, mais face à une crise de ce genre, chacun doit accepter de faire un effort.
Quelle réaction faites-vous de la promulgation de la nouvelle constitution rejetée par le FNDC. Les responsables de ce front qui annoncent d’ailleurs qu’ils ne reconnaîtront jamais cette nouvelle constitution ?
Nous sommes dans une démocratie et nous sommes dans une République. Quand on parle de la République ce que y a des textes et y a des institutions. Cette constitution de 2010 que le Fndc prétend défendre aujourd’hui, dit que les décisions de la cour constitutionnelle sont sans appel et s’imposent à tous. Alors si vous défendez une constitution et les prescriptions dans cette constitution, vous avez l’obligation de vous soumettre. Cette cour constitutionnelle est l’émanation de la constitution de 2010. Le Fndc n’a pas de choix que de se soumettre à cette décision de la cour constitutionnelle. La constitution de 2010 dit pour qu’une loi entre en vigueur et je considère cette constitution comme une loi, il faut qu’elle soit promulguée par le Président de la République. Donc le président Alpha Condé a promulgué une loi, sur le plan juridique la messe est dite. Mais sur le plan politique, chacun est libre d’exprimer ses sentiments politiques.
Le FNDC menace aussi de réprendre ses manifestations de rue les prochaines semaines ou dans les prochains jours Ça vous inspire quoi ?
Dans une situation d’urgence sanitaire de ce genre, c’est impensable de dire qu’on va faire des manifestations, c’est impossible. Si non on va à l’encontre de la loi. Pour moi, il faut trouver d’autres moyens de lutter pour aboutir à vos revendications. Mais je pense que c’est un discours pour faire entendre les frustrations du Fndc. Si non, nous ne sommes pas dans une situation où on peut se permettre d’organiser des manifestations. Déjà les populations même ne vont pas suivre. Parce que chacun est préoccupé à comment vaincre et se protéger contre la maladie.
La Guinée va mal si ce sont les intellectuels que le pays a, préparon nous au pire.