Soucieux des tensions qui prennent de l’ampleur en Guinée lors des manifestations de l’opposition, républicaine, le directeur exécutif de African Crisis Group a animé une conférence de presse pour présenter la photographie des violences et interpeller les citoyens à la paix.
Dr Sékou Kouréissy Condé a dénoncé le laxisme de la Justice guinéenne qui pouvait faire éviter ces cas de violences et de tueries. Cela, si la loi s’appliquait sur les coupables.
L’acteur de la société civile a axé son débat sur deux volets. La violence à ciel ouvert dans un premier temps, «nous sommes dans la violence, nous constatons la violence, nous sentons et nous vivons dans la violence. Elle (la violence) existe dans les écrits, la communication et dans les actions. Il est important que l’on sache que ce n’est plus la responsabilité du gouvernement qui est engagé. Mais aussi et surtout la responsabilité de l’ensemble des citoyens», a interpellé le président de la Convention des Acteurs Non Étatiques de Guinée (CANEG) à l’entame de son exposé.
De 2011 à nos jours, 100 personnes ont été tuées lors des manifestations politiques. Dr Sékou Kouréissy a déploré ce fait et il qualifie cela d’une atteinte au tissu social.
Le pays enregistre malheureusement l’exacerbation des violences non punies, non clarifiées «avec une jeunesse qui nous échappe», selon Dr Kouréissy.
Deuxième volet, il a dénoncé l’ethnocentrisme. Cette pratique constitue un danger de nos jours, estime le directeur exécutif de African Crisis Group. A l’en croire, lorsque des accords politiques, des actions politiques, des considérations politiques sont «ethniquement évalués, c’est un détournement. Un pays qui est naturellement composé de quatre régions naturelles, si nous ne prenons pas garde, nous ne faisons pas attention, nous allons porter atteinte au soubassement social», avertit Kouréissy Condé.
Face à cela, pense-t-il, si le juge ne réagit pas, la société doit mettre fin à cette pratique, «l’Etat a montré ses limites dans la lutte contre l’ethnocentrisme en Guinée. Il y a un débordement», martèle le conferencier.
Aussi d’accord que le non respect des accords politique est à la base de ces crises, Dr Sékou Koureissy Condé a longuement appeler les citoyens à la retenue. Car, il constate plutôt un débordement en Guinée, pas un laissé-aller.
Violence sur l’axe en particulier
Ceux qui pensent que les tueries sur l’axe Hamdallaye-Kagbélen sont orientées à une seule communauté, le président de la CANEG a fait savoir que les citoyens doivent quitter cet esprit.
Pour lui, l’Etat doit rendre justice, «tant que le citoyen sait qu’il n’y a pas de justice, il se rend lui-même justice», regrette Sékou Kouréissy.
Il conseille les forces de l’ordre souvent déployées dans la zone de ne pas répondre la violence par la violence.
Quand j’étais ministre de la Sécurité…
Sous le régime du Général Lansana Conté, Sékou Kouréissy Condé était ministre de la Sécurité et de la protection civile. A son temps, en lieu et place de la violence, les policiers n’étaient non seulement pas armés de fusils de guerre mais ils n’utilisaient pas de balles réelles aussi pour réprimer des manifs.
Dr Kouréissy Condé a profité de cette conférence animée dans un complexe hôtelier à Conakry ce lundi pour interpeller le peuple de Guinée à la préservation de la paix.
«Nous devons nous battre pour ramener l’histoire de réconciliation dans notre pays. Que les gens osent dénoncer les violences et prôner la paix dans les lieux de culte, à l’école ou autres endroits de rassemblement… Aux journalistes aussi de jouer au professionnalisme dans le traitement des informations dans cette période de hautes tensions», a encouragé l’ancien ministre.