Détenu à la maison centrale de Conakry depuis 2016, Aboubacar Diakité Alias “Toumba” est malade. C’est son avocat qui a donné l’alerte ce jeudi, 11 juin 2020, au cours d’un entretien téléphonique avec un journaliste de notre rédaction.
Toumba Diakité est en prison pour son implication dans le dossier des massacres du 28 septembre 2009 au stade du même nom, qui avait fait plus de 150 morts et plus d’une centaine de femmes violées, selon l’Organisation des Nations unoes (ONU). Au cours de cet entretien, Me Paul Yomba Kourouma dénonce ce qu’il qualifie des failles dans la procédure de la détention de son client, sa détention n’ayant pas été renouvelée depuis 4 ans. «C’est ce qui pour nous, a constitué une grande faille dans la procédure», explique-t-il à l’entame.
L’avocat dit avoir saisi à plusieurs reprises les instances juridictionnelles du pays pour tirer les conséquences de ce qu’il dit le droit face à une telle situation. En pareille circonstance, selon Me Paul Yomba Kourouma, l’inculpé est mis en liberté purement et simplement. Mais, regrette-t-il, aucune autorité n’a «osé» s’exprimer autour de ce sujet afin de donner une suite favorable sur le dossier.
« Toumba connaît à ce jour une détention arbitraire. Il est victime d’une injustice que seules les institutions supra nationales pourraient peut-être réparer, parce que notre justice ayant observé un silence coupable et répréhensible autour de la question. » Selon lui, le gouvernement guinéen, notamment le département de la justice, ne fait aucun effort pour la tenue du procès du 28 septembre tant attendu.
« Ce procès n’est qu’un acte de séduction que le ministre de la Justice entreprend chaque fois qu’il reçoit la visite de la procureure de la Cour pénale internationale dans notre pays», dénonce l’homme en robe noire chargé de défendre l’un des plus célèbres prisonniers du pays. Plus loin, il se dit préoccupé par le maintien en prison de son client, en cette période de la pandémie du Covid-19, à laquelle est exposé Toumba Diakité.
Me Paul Yomba Kourouma plaide auprès du premier magistrat de la nation, pour la libération d’Aboubacar Toumba Diakité:« Nous nous tournons maintenant vers le chef de l’État, président du conseil supérieur de la magistrature qui, nous sommes sûrs, est très sensible à des pareilles situations et que s’il n’en était pas informé par le biais des médias, qu’il s’en saisisse et use de son imperium pardon pour le libérer. »
Au même moment, l’avocat apporte des précisions sur cette liberté dont il recherche auprès des autorités du pays en faveur de Toumba: « Ce n’est pas pour gracier Toumba. Toumba ne demande pas une grâce, il ne demande pas une clémence spéciale. Mais le mettre en liberté provisoire lui permettant d’organiser davantage sa défense, de se soigner et de se mettre dans les possibilités mentales, sanitaires, physiques et morales pour pouvoir affronter les juges. »