A l’occasion de la Nuit du Destin célébrée par les musulmans ce 11 juin 2018, le ministre de l’Unité nationale et de la Citoyenneté, Kalifa Gassama Diaby s’est adressé aux Guinéens en leur parlant de paix, et les conditions d’acquisition de cette paix.
Pour le ministre de l’Unité nationale et de la Citoyenneté, il est bon de prier pour la paix, mais pour cette paix, il y a des préalables : « C’est bien de prier pour la paix, surtout en ce mois saint de Ramadan et cette nuit du Destin, mais si réellement on veut la paix dans notre pays, il n’y a pas de secret, il faut impérativement : respecter et faire respecter les lois de la République de façon juste et égalitaire et équitable pour tous et vis à vis de tous ; il faut se respecter mutuellement et garantir à chacun ses droits et sa dignité ; il faut éviter et combattre les injustices et l’arbitraire..,et lorsqu’ils surviennent, rendre justice aux victimes ; il faut lutter contre la misère, la pauvreté, afin de préserver la dignité de chacun. Car quand on perd par la pauvreté, son honneur et sa dignité, la paix devient un non sens ; que l’Etat et ceux qui l’incarnent respectent et fassent respecter les lois de la République à tous et pour tous, et agissent de façon juste, neutre et impartiale. Si on vit sciemment en dehors de toutes ces règles et qu’après on se mette à faire des prières pour la paix, on n’aura pas cette paix et on se bercera d’illusions. »
Plus loin, Gassama Diaby rappelle que Dieu n’a pas à faire qu’à écouter les gens alors qu’eux-mêmes sont dans la perdition : « […] Dieu ne nous écoutera pas. Il n’a pas que ça à faire. On ne peut pas demander à Dieu quelque chose, quand on est nous-mêmes à la base de sa perdition et de sa négation. On ne peut pas prier pour la paix, quand avant d’aller prier ou après la prière, on pose par nos faits et gestes, par nos actions ou nos compromissions immorales, tous les ingrédients de l’impossible paix, par l’exclusion, le mépris, l’injustice, l’arbitraire, l’humiliation, les provocations, les violences, dans un environnement de pauvreté morale et sociale. »
Pour qu’il y ait ensuite la paix que réclament les Guinéens, le ministre Gassama pense qu’il faut que l’Etat joue son rôle : « Cette paix dépend avant tout de nous, de chacun d’entre nous, et plus particulièrement de ceux qui de par leurs fonctions ont l’obligation légale et morale de faire vivre et de donner sens à l’idée d’Etat de droit, de normes, de justice, d’égalité, de liberté, de fraternité, de solidarité et de dignité. C’est à dire l’Etat. Ce n’est pas seulement en implorant Dieu qu’on aura cette paix, si on ne fait rien pour l’avoir et parfois même en faisant tout le contraire pour ne pas l’avoir. Si vous continuez à me gifler ou à me piétiner chaque matin et soir, et puis prier pour la paix, soyez certains que cette paix ne sera pas là. Alors la paix en Guinée dépend de tous, de chacun d’entre nous, citoyens, structures administratives, politiques et sociales, mais en premier lieu de la capacité de l’Etat, de la puissance publique, à incarner une juste, humaine, digne et légitime autorité pour tous et face à tous, sur la base exclusive des lois de la République et des principes d’humanité. Alors que ceux qui veulent prier pour la paix, prient mais avant et après la prière qu’ils se souviennent que cette paix dépend d’eux et que la plus petite injustice et violence illégitime peuvent détruire tout espoir de paix et mettre en péril notre cohésion sociale et nationale. »