Une mission du Fonds monétaire international (FMI), conduite par Edward Gemayel, chef de mission pour le Sénégal, a séjourné à Dakar du 22 octobre au 6 novembre 2025. Cette visite s’inscrivait dans la continuité des discussions engagées lors des Assemblées annuelles 2025, autour du suivi des mesures correctives liées à la « dette cachée » révélée plus tôt dans l’année.
Un rapport de la Cour des comptes avait mis en lumière d’importantes irrégularités dans les données macroéconomiques couvrant la période 2019-2023. À la suite d’un audit de réconciliation mené par le cabinet international Forvis Mazars, le stock de la dette publique centrale a été réévalué de 74,4 % à 111 % du PIB à fin 2023, révélant des engagements jusque-là non comptabilisés. Fin 2024, la dette révisée atteignait 118,8 % du PIB.
Durant son séjour, la délégation du FMI a évalué la situation macroéconomique récente du pays et la stratégie de réforme à moyen terme mise en œuvre par les autorités. Edward Gemayel s’est félicité du climat constructif des discussions, soulignant que d’importants progrès ont été accomplis vers la conclusion d’un nouveau programme soutenu par le FMI.
« Les échanges ont permis de jeter les bases d’un futur programme axé sur la viabilité budgétaire, l’amélioration de la gestion de la dette et le renforcement de la gouvernance, trois piliers essentiels à la poursuite du succès économique du Sénégal», a déclaré M. Gemayel.
Le représentant du FMI a salué « l’engagement constant des autorités en faveur de la transparence, de la rigueur budgétaire et d’une saine gestion macroéconomique ». Malgré un contexte international marqué par les incertitudes et le resserrement des conditions de financement, l’économie sénégalaise reste « robuste », soutenue par la première année complète d’exploitation pétrolière et gazière et la reprise du secteur agricole. La croissance du PIB réel est estimée à 7,9 % en 2025, contre 3,4 % pour la croissance hors hydrocarbures, tandis que l’inflation devrait se limiter à 1,4 % en moyenne.
Sur le plan budgétaire, la mission du FMI a constaté que les résultats pour 2025 demeurent globalement conformes aux prévisions de la loi de finances rectificative. Le déficit global devrait reculer de 13,4 % du PIB en 2024 à 7,8 % en 2025, illustrant, selon le FMI, « la ferme volonté des autorités de consolider les finances publiques ». Le gouvernement ambitionne de réduire davantage ce déficit à 5,4 % du PIB en 2026, grâce à une mobilisation accrue des recettes — notamment par l’introduction de taxes sur les jeux de hasard, les transferts mobiles et la fiscalité foncière — et à une stricte discipline des dépenses.
Alors que la dette publique totale est désormais estimée à 132 % du PIB à fin 2024, incluant environ 4 % d’arriérés intérieurs en cours d’audit, les autorités s’emploient à renforcer la gestion de la dette, tant intérieure qu’extérieure, afin de réduire les vulnérabilités identifiées.
Le FMI a enfin salué les avancées réalisées dans la mise en œuvre des mesures correctives liées aux déclarations erronées, tout en insistant sur la nécessité d’aller plus loin. « Le renforcement des capacités de gestion de la dette, la centralisation des fonctions au sein d’un seul ministère et la poursuite des réformes de gouvernance demeurent prioritaires. Leur aboutissement sera crucial pour résoudre définitivement la question de la dette cachée», a conclu Edward Gemayel.
Le Fonds et les autorités sénégalaises ont convenu de maintenir un dialogue étroit dans les semaines à venir afin de finaliser un nouvel accord axé sur la consolidation budgétaire, la transparence financière et la promotion d’une croissance inclusive et durable.
