Chaque année, des centaines de femmes viennent à Conakry à la quête du bien-être. Venues dans cette ville inconnue, elles traversent de gros ennuis qui les poussent à accepter l’inimaginable. Femmes, filles, mères et adolescentes, toutes embarquées dans un nouveau mode de vie tout particulier.
Il est 8h du soir, les devantures désertes de certains magasins du marché Madina commencent à laisser place, à la cité insalubre des moustiquaires tendues et aux nattes étalées à perte de vue, par ces femmes ménagères à la recherche des travaux domestiques.
Loin des regards du public, la nouvelle atmosphère de Madina, où les pleurs de bébés, les conversations des femmes et le ronflement de certaines adolescentes, qui remplacent le vacarme quotidien des marchands, se dessine peu à peu dans l’avancée de la nuit.
Composées de mères de famille, jeunes filles et fillettes, les occupantes nocturnes de Sig Madina, dont l’âge varie entre 10 à 40 ans, arrangent chacune autant qu’elles peuvent, leur couchette temporaire au clair de lune, avant l’aurore.
Concentrés à se raconter leurs aventures de la journée, certaines sont interrompues par des personnes venues chercher des femmes de ménages. Au premier coup d’œil d’un client elles se précipitent toutes. “Que pouvons nous faire pour vous?“, lance un groupe de femmes, comme un conseiller clientèle au bout du fil. “Nous accomplissons des travaux ménagers journaliers à 25 mille GNF“, explique une autre.
“Nous, nous ne travaillons que par mois. Vous nous laissez chez vous, on établit les modalités de paiement. Nous offrons nos services dans l’intervalle de 400 à 450 mille GNF le mois. Nous avons aussi des jeunes filles et de petites filles, si vous ne voulez pas des mères“, déclare une mère, en train d’allaiter son enfant.
“Nous n’avons pas de cheffe ici. Chacune est maîtresse d’elle-même. Les adolescentes sont avec leurs sœurs. Nous travaillons pendant la saison sèche, à l’approche du Ramadan ou des grandes pluies nous rentrons chez nous pour revenir à la prochaine saison sèche. C’est comme ça que nous fonctionnons“, répond une interlocutrice aux questions du client, avant d’ajouter : “Il y a aussi un groupe qui fait la lessive à partir de 1500 GNF le complet“.
Cette gent féminine, d’une centaine de femmes qui prennent la route de l’aventure bien connue pour certaines, mais méconnue pour la plupart d’entres elles, commencent l’aventure à 545 km de la capitale guinéenne. Elles viennent de Kalinko, Djalakoro et Selouma (sous-préfectures de Dinguiraye).
Méconnues des autorités, de la population, exposées à tout danger (insécurité, kidnapping, viol, maltraitances), dans l’illégalité, ces femmes se livrent à un mode de vie dégradant, loin de leur village et famille, pour la recherche de leur bien-être.