Quelques heures après l’expiration de l’ultimatum que la CEDEAO a accordé le 30 juillet dernier à la junte nigérienne pour quitter le pouvoir, l’organisation sous-régionale n’a toujours pas fait une communication sur sa nouvelle conduite. Une situation qui interpelle plus d’un.
Sur la suite des évènements à Niamey avec le bras de fer qui persiste entre la CEDEAO et les putschistes qui ne comptent pas reculer, des observateurs expriment leurs inquiétudes. C’est le cas de Dr Sékou Koureissy Condé, Directeur Exécutif de Africain Crisis groupe qui s’est exprimé chez nos confrères de FIM FM. Cet homme politique et acteur de paix dans la sous-région appelle les deux parties à privilégier le dialogue.
« Moi je pense qu’il faut revenir vers les négociations, il ne faut pas sortir les muscles (…)», a suggéré Koureissy Condé dans un premier temps.
Cependant, du point de vue de la crédibilité dans l’espace de la CEDEAO, Koureissy Condé partage l’idée selon laquelle, l’organisation joue sa survie avec le cas du Niger. Mais au-delà d’une simple question de la CEDEAO, il estime que c’est un problème qui touche profondément l’éducation du peuple africain.
« Oui la CEDEAO vit un tournant très sensible, mais c’est l’Afrique francophone qui est à la fin du cycle. Cela veut dire que c’est un autre cycle qui commence. Lorsque tu prends le pourcentage des jeunes africains qui se jettent en Méditerranée c’est un désespoir, tu prends un pays comme le Niger 52% des populations c’est moins de 15 ans, un million de naissances par an. Lorsque vous prenez les pays du Sahel à part le Burkina, du soudan au Tchad, à la Mauritanie, au Mali et au Niger, c’est 5 millions de kilomètres carrés. C’est des considérations qui intéressent l’occident et toutes les puissances. La concurrence, la guerre froide économique ça joue. Dans 35 ans, du point de vue de la croissance démographique et du point de vue de réserve en termes de ressources naturelles, l’Afrique sera au premier plan. C’est ce combat-là qui se mène aujourd’hui », relève cet acteur politique.
Sékou Koureissy Condé dit regretter le traitement de l’adversité qui caractérise la gestion des pouvoirs dans les pays africains. Il invite aussi la junte au Niger, la CEDEAO ainsi que la communauté internationale chacun à son niveau à lâcher du l’est, afin d’aller vers une sortie de crise à Niamey.
« Je souhaite que la junte au Niger cède, je souhaite que la communauté internationale cède, moi je ne suis pas pour la guerre, allons aux négociations. Mais ce que je regrette au Niger, c’est le traitement de l’adversité. Je le regrette dans tous les pays en commençant par la Guinée, pour dire que le problème des acteurs civils au pouvoir, c’est le traitement de la démocratie. Le problème des pouvoirs militaires, c’est la dissuasion par les armes, c’est la peur et c’est l’inquiétude. Il faut balayer ceci, il faut penser à se parler et à proposer des solutions », insiste-t-il.
C’est pour toutes ces raisons et bien d’autres que, l’ancien ministre guinéen demande au Colonel Abdourahmane Thiany de ne pas considérer comme une victoire le fait d’avoir rompu un processus démocratique en cours dans son pays.