C’est à travers un entretien qu’il nous a accordé ce mardi 2 juin 2020, que le président de l’Organisation Guinéenne pour la Défense des Droits de l’homme s’est exprimé sur les différents cas d’arrestation des membres de l’opposition et du Fndc.
Abdoul Ghadiry Diallo, dénonce la violation de la loi et le non-respect des procédures dans ces arrestations.
C’est notamment le cas du jeune Lamarana Gongoré, militant de l’UFDG dont les images ont choqué plus d’un sur les réseaux sociaux.
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Guinée360: En tant que défenseur des droits de l’homme, quelle réaction faites-vous des arrestations d’opposants à la nouvelle constitution en Guinée ?
Abdoul Ghadiry Diallo: globalement ce que je vais dire, ce que ces arrestations interviennent au moment où chacun devrait se préoccuper de la situation du Covid-19 qui gagne du terrain en Guinée. Profiter de cette situation pour procéder à des arrestations de personnes pour leurs opinions, entre dans le cadre des arrestations arbitraires si l’ont tient compte des conditions dans lesquelles ces arrestations se produisent. Généralement c’est des formes de kindnaping. Ces comportements ne visent pas à apaiser les esprits. Au moment où on est en train de demander à tout le monde de rester calme, de ne pas faire des manifestations, si on crée des conditions de l’implosion sociale, il faudrait bien que les gens réagissent.
Vous avez suivi l’arrestation du jeune Lamarana Gongoré Diallo, militant de l’UFDG qui a été arrêté et qui aurait été torturé avant d’être emprisonné. Ça vous inspire quoi ?
Personnellement je n’ai pas tous les contours liés à l’arrestation de ce monsieur, mais si je tiens compte de ce qui est en train de se dire et la vidéo que j’ai suivi, d’abord je voudrais vous dire qu’on ne peut pas se fonder sur des images d’une vidéo pour se prononcer sur un certain nombre de questions. Mais s’il est avéré que c’est comme ça qu’il est en train de se passer, on est en train de faire un recul énorme et retomber dans les pratiques que nous avons connus au temps du PDG.
Quelle est votre implication pour la libération de toutes ces personnes “injustement” arrêtées ?
Nous nous sommes déjà engagés dans ce processus bien avant l’arrestation de ce monsieur. Nous sommes en train d’engager beaucoup de démarches pour que certains détenus notamment Saikou Yaya Diallo, Foniké Mangué et d’autres, puissent être présentés à un juge et que l’on essaie de dire de quoi on les reproches. Parce que ce sont les conditions de leur détention, les délais de détention même qui ne respectent pas les normes et les règles des procédures élaborés par les textes guinéens. C’est pourquoi nous nous estimons avec tout ce qui se passe, on est dans la logique de l’autocratie et du non-droit. Et quand ce sont les autorités policières et administratives qui se comportent comme telle, cela nous emmène à nous poser la question de savoir à quoi veulent jouer ces autorités pour essayer de mettre la poudre aux yeux.
Il n’y a pas la réciprocité dans la violation de la loi certes, mais est-ce que face à cette situation que vous venez de décrire, vous comprenez le FNDC qui menace de reprendre les manifestations de rue pour exiger la libération de ses membres ?
Moi, je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il faut répondre la violence par la violence. Mais si les manifestations sont des manifestations pacifiques obéissant aux règles de droit sans qu’il y ait destruction de biens de la part des manifestants, je dis que la manifestation est un droit réconnu à tout le monde et la constitution la consacre. Et comme c’est constitutionnel, il faut tenir compte du fait que toute manifestation qui pourrait conduire à faire fléchir les autorités face aux abus qu’elles ont en train de commettre peut être considérée comme des droits reconnus aux citoyens.
Mais est-ce que vous ne pensez pas que le FNDC devrait s’abstenir d’organiser des manifestations qui sont source de mobilisation de plusieurs personnes pendant cette période de crise sanitaire liée au Covid-19 ?
Cest pourquoi je vous ai dit que ça doit être fait dans un cadre strictement légal et réglementaire. Mais au même moment, il faut que les autorités guinéennes comprennent, qu’on ne peut pas faire appliquer des mesures réglementaires liées à la crise actuelle en provoquant les conditions qui vont emmener les gens à vouloir réagir. Il faut que chacun en ce qui le concerne fasse preuve de responsabilité.