Présent à la maison de la presse de Guinée à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la presse ce jeudi 3 mai 2018, le Chef de l’Etat guinéen a accusé les journalistes guinéens dans le récent classement de Reporters Sans Frontières.
«C’est étonnant que la Guinée soit placée 104ème quand des pays africains dits démocratiques mieux placés, des journalistes sont arrêtés et emprisonnés pour injure au chef de l’Etat. Je pense que vous ne contribuez pas à améliorer l’image de la Guinée. Je pense qu’avant de parler de vous aider, qu’est ce que vous avez fait ? Vous discréditez l’image du pays. Tous les progrès que nous avons faits depuis 2011 sont passés sous silence comme si on était dans un pays où on vous maltraitait. Aucun journaliste n’a été arrêté par le gouvernement encore moins tué. Je vois aujourd’hui la Mauritanie où des journalistes sont arrêtés tout le temps est 54ème et nous, on est 104ème. Parce que vous présentez une image de la presse en Guinée qui ne correspond pas à la réalité. Alors comment voulez-vous qu’on vous appuie quand vous faites en sorte que tous les efforts faits pour la liberté de la presse sont tus. Et dès qu’il y a moindre chose, vous faites du bruit…Moi je ne suis pas prêts à m’engager derrière vous quand vous continuez à piétiner tous les progrès que nous avons faits pour la liberté de la presse», a-t-il dit aux journalistes de son pays.
Et le numéro 1 guinéen de poursuivre: «Comment la Guinée peut être placé 104ème. Il faut vous poser la question, qui est responsable? Vous parlez de Reporters Sans Frontières. Mais le patron de Reporters Sans Srontière, il n’est pas maire du front national en France…Quand vous commencer à donner l’image qui est contraire à la réalité du pays, comment voulez-vous qu’on continue à écouter vos revendications. Est-ce qu’il y a un journaliste qui a été emprisonné depuis que je suis devenu président? Est-ce que j’ai poursuivi un journaliste, à plus forte raison un journaliste tué? Comment la Guinée a été placée 104ème? Il faut répondre à cette question. Quand vous répondez à cette question, je vous répondrai. Si vous ne répondez pas à cette question, je ne vous répondrais pas. Je prends l’exemple de la Cote d’Ivoire et le Sénégal. Des journalistes sont arrêtés pour outrage au chef de l’Etat. Est-ce qu’on a fait ça en Guinée? C’est vous qui êtes responsable de l’image de la Guinée. Donc on ne peut pas discuter avec vous. Puisque tous les efforts qu’on a faits, c’est zéro…Reporters sans frontières n’en est pour rien. Est-ce qu’un journaliste peut insulter Alhassane ou Macky Sall? Vous savez bien ce qui va l’arriver. Pourquoi vous n’avez pas protesté auprès de Reporters Sans Frontières pour donner votre propre vision. Je ne vais continuer à faire des efforts pour être vilipender et traîner dans la boue. Comment voulez-vous parler d’assistance financière? En plus nous sommes dans un pays libéral. Nous ne sommes pas dans un pays communiste où on oblige les sociétés à faire des publicités obligatoires».
Pour lui, le gouvernement n’a aucun moyen à obliger les entreprises de faire de publicités dans les médias.
A l’en croire, son objectif est de faire en sorte que la presse guinéenne soit l’une des meilleures de la sous-région. «Ce qui n’est pas le cas actuellement. Parce que nous ne voulons pas nous retrouver avec des Radios Milles Collines. Nous avons des radios en Guinée qui frisent Milles Collines. Un jour j’étais assis, j’ai appris que je veux vendre le port de Conakry aux turcs. Comment on peut vendre un port. Pourtant ce sont vos radios. L’aéroport de Conakry est géré par le fruit d’un partenariat public-privé avec l’aéroport de Paris. Mais ce sont vos radios qui disent qu’on a vendu. En plus vos radios font passer des choses qui sont interdites, opposer les ethnies les unes contre les autres. Chaque fois, je dis, vous ne faites jamais d’enquêtes. Votre défaut, c’est que vous ne faites jamais d’enquêtes. Un journaliste doit apprendre à faire des enquêtes avant de balancer. Ce n’est pas pour rien qu’on dit que la presse est le 4ème pouvoir. Regardez-vous dans un miroir, voir l’image qu’il vous renvoie», a-t-il indiqué.