En une semaine, la Guinée est passée de l’adoption de la nouvelle Constitution à la fixation de la date de la présidentielle. Une célérité inédite qui interroge sur la mise en œuvre des nouvelles dispositions, notamment la création de l’organe électoral indépendant prévu par le Code électoral.
Le référendum constitutionnel du 21 septembre 2025 a ouvert une séquence politique marquée par une rapidité inhabituelle. Les résultats provisoires ont été publiés le 23 septembre par le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation (MATD). Trois jours plus tard, le 26 septembre, la Cour suprême proclamait les résultats définitifs. La nouvelle Constitution a été promulguée dans la foulée, le même jour, sans délai distinct entre proclamation et promulgation.
Sur le plan juridique, la loi n’impose aucun intervalle entre ces deux étapes. Mais la vitesse de l’enchaînement a surpris plus d’un observateur.
Le Code électoral adopté dans la foulée
Toujours le 26 septembre, le Conseil national de la Transition (CNT) a adopté un nouveau Code électoral, promulgué dès le lendemain. Ce texte, qui n’est toujours pas accessible au public, introduit la création d’un Organe technique indépendant de gestion des élections (Otige). Celui-ci doit disposer de représentations dans toutes les communes rurales et urbaines. Il est composé :
d’un Conseil national électoral (CNE), organe délibérant chargé des orientations stratégiques ;
d’une Direction nationale électorale (DNE), chargée de l’exécution technique des opérations électorales.
Un organe électoral encore inexistant
Problème : l’Otige n’a pas encore été mis en place, alors même que la présidentielle est prévue pour le 28 décembre 2025, soit dans moins de trois mois. Cette absence nourrit des inquiétudes.
Des soupçons émergent sur une volonté des autorités de transition de s’appuyer, en attendant, sur la Direction générale des élections (DGE) – placée sous tutelle du MATD et qui a organisé le référendum – et sur l’Observatoire national de supervision du référendum (ONASUR).
Une telle approche, si elle se confirmait, irait à l’encontre de l’esprit de la nouvelle Constitution qui impose un organe électoral indépendant. La DGE reste en effet un service administratif dépendant du MATD, tandis que l’ONASUR est présidé par un acteur politique proche du CNRD, qui avait publiquement soutenu le « Oui » lors du référendum constitutionnel.
En fixant la présidentielle au 28 décembre, les autorités impriment un rythme soutenu qui répond aux attentes de retour rapide à l’ordre constitutionnel. Mais la célérité du processus, combinée à l’absence effective de l’Otige et aux doutes sur l’utilisation provisoire de structures contestées, nourrit déjà des soupçons quant à la transparence et à l’équité du scrutin à venir.