Le gouvernement guinéen, représenté par le ministre de l’Économie et des Finances, Mourana Soumah, a signé, le 16 août 2024 un mémorandum d’entente avec le Consortium SEESEA. Cet accord prévoyait la création d’une banque offshore sur l’île de Kassa ainsi qu’un prêt de 2 milliards de dollars à taux zéro. Cependant, seulement quatre jours plus tard, le 20 août, l’État a résilié le mémorandum en raison d’une violation de l’article 9, qui interdisait toute communication sur l’accord sans l’approbation préalable des deux parties. La résiliation a été provoquée par la publication d’informations dans la presse guinéenne. Le ministre Soumah a alors déclaré le contrat nul et a demandé au consortium de retirer toutes les communications à ce sujet.
Le sujet a également été abordé lors de l’assemblée générale du 31 août 2024 de l’ancien parti au pouvoir. Marc Yombouno, ancien ministre du Commerce, a exprimé des préoccupations sur le contrat, en particulier en ce qui concerne la criminalité financière. Il a souligné que la création d’une banque offshore à Kassa pourrait entraîner des risques importants, tels que la fuite de capitaux et des activités criminelles.
“Dans la convention sur le prêt de 2 milliards sans intérêt que le ministre de l’Économie et des Finances a signée avec une société chinoise, il est question de créer une banque offshore à Kassa. Une telle banque, construite sur un territoire qui n’appartient pas à la Guinée, pourrait bénéficier de nombreux avantages fiscaux et de contrôle. Ce genre de banques existe dans des endroits où la transparence est minimale et où il est difficile de vérifier l’origine des fonds. Cela pourrait entraîner des risques de fuite de capitaux et attirer des criminels et des narcotrafiquants”, a-t-il expliqué.
Interrogé par le Conseil national de la transition (CNT) lors de l’adoption du budget pluriannuel 2025-2027, le ministre de l’Économie a précisé que le contrat avait été conclu à la demande du Premier ministre Bah Oury, dans le but de rechercher des financements pour la construction d’infrastructures. Yombouno a critiqué le contrat en le comparant à l’accord cadre signé avec la Chine pour 20 milliards de dollars, affirmant que l’accord avec le Consortium SEESEA semblait suspect et a été annulé après seulement quatre jours.
“Le ministre a annulé le contrat après que les informations aient fuité dans les médias. Cela montre un manque de transparence et de diligence. Alors que nous obtenons légalement 20 milliards de dollars, d’autres tentent d’en obtenir 2 milliards de manière douteuse. Nous nous interrogeons sur la réaction du FMI, de la Banque Mondiale et de la CRIEF, qui devraient se prononcer sur ce sujet”, a-t-il ajouté.