Dans une interview qu’il a accordée à GUINEE360, Chérif Mohamed Abdallah président du Groupe organisé des hommes d’affaires (GOHA) a dénoncé le bail du port autonome de Conakry par l’État sans associer les différents acteurs et les propos de l’imam de la mosquée centrale de Kindia qui s’opposerait à ce qu’Abdoulaye Bah de l’UFDG dirige la mairie de cette ville sous prétexte que ce dernier est originaire d’une autre région.
Guinee360.com: En tant que responsable des opérateurs économiques, quelle lecture faites-vous de la crise au port autonome de Conakry ?
Chérif Mohamed Abdallah : Comme depuis toujours, il y a un total manque de transparence dans ce qu’on fait dans ce pays. Sinon, dans les conditions normales, quand il y a des actions comme ça, on ne doit pas les faire en catimini. C’est normal de privatiser si on le veut quand on a des sociétés fiables qui peuvent changer la physionomie du port, améliorer les conditions de vie et de travail des employés et les activités des opérateurs économiques. Mais, si on le fait en catimini en prenant des sociétés dont on n’a même pas l’habitude d’entendre parler dans la gestion des ports à travers l’Afrique et ailleurs dans le monde, c’est grave d’où notre réticence par rapport à ce dossier. Est-ce que les travailleurs ne seront pas licenciés ? Est-ce qu’ils seront reconduits par la nouvelle société? Ce sont des questions que nous nous posons étant donné qu’il s’agit d’une société privée qui sera libre de faire ce qu’elle veut. Nous n’avons pas encore reçu la copie du contrat. On pensait, qu’avec toutes les relations que nous avons notamment avec la directrice du port, le minimum était de nous informer de ce qui se passe. Nous n’avons été contactés ni par les autorités du port, ni par le syndicat qui est en train de contester.
Quel impact cela aura sur les activités des opérateurs économiques ?
Les activités des opérateurs économiques seront complètement perturbées surtout avec les engagements qu’ils ont avec des banques, des partenaires à l’extérieur et leurs clients. Bref, cela va perturber les activités des commerçants à tous les niveaux. Dès le départ, l’État devait associer tous les acteurs et expliquer aux Guinéens les avantages de ce bail parce que si c’est fait pour les Guinéens, tous les citoyens ont le droit de savoir de quoi il s’agit. Mais s’il n’y a pas de transparence, c’est ça le hic.
Que compte faire votre organisation ?
C’est sûr et certain que le jour où on saura réellement ce qui se passe, on va agir conséquemment. Lorsque nous aurons la copie de ce contrat, si on ne nous donne pas les justificatifs nécessaires, nous allons prendre les dispositions qui s’imposent.
Quel est votre avis sur les propos attribués à l’imam Mamoudou Camara de la mosquée centrale de Kindia ?
Je ne suis pas sûr si cet imam connaît le rôle d’un imam. Quand un imam se prononce comme ça, c’est extrêmement dangereux pour lui et pour la religion. Quand on prend n’importe qui pour le nommer imam, ce sont ces conséquences qu’on récolte. Dans les conditions normales, il doit y avoir des critères pour choisir les imams. Même les femmes doivent être consultées parce que certains hommes sont douteux. Si on prend des gens comme ça on les met devant et ils se mettent à faire la politique qu’ils ne maîtrisent même pas, ils font la division ethnique qui est extrêmement dangereuse. Je dis et je répète, dans les statuts du GOHA, il est clairement dit que tous ceux qui font la division ethnique, des conflits ethniques ou politiques, ils seront poursuivis par notre organisation. Tous ceux qui connaissent le GOHA savent qu’il est une organisation de promotion et défense des droits des opérateurs économiques. Donc, les droits de l’homme par conséquence. Nous sommes une organisation de défense des droits de l’homme.
Peut-on s’attendre à une plainte du GOHA contre cet imam ?
Le GOHA va mobiliser ses conseillers et avocats pour voir comment agir contre les promoteurs de la division ethnique en Guinée. Deuxièmement, comme il est parti jusqu’à prôner la division ethnique en tant que premier imam de la ville de Kindia, nous disons à tous les citoyens de le bouder et de ne plus prier derrière lui parce qu’il ne le mérite pas. Un imam ne fait pas ça et cela est valable pour tous les imams du pays. Ils doivent laisser la politique aux politiciens. Nous, si vous nous entendez critiquer de temps à autres les politiciens, c’est parce qu’à chaque événement politique les intérêts des opérateurs économiques sont touchés. Donc, nous sommes obligés d’agir sinon, on ne se mêle pas de la politique politicienne. Nous intervenons lorsque nos biens sont touchés ou lorsque nous sommes attaqués verbalement ou physiquement. Ce n’est pas exclu que l’on porte plainte contre cet imam. En attendant, nous demandons à nos membres, à nos sympathisants de le bouder et de ne plus prier derrière lui parce qu’il ne le mérite pas.