Quelques heures après l’inculpation et le placement en détention d’Ousmane Sonko, le gouvernement sénégalais a annoncé la dissolution de son parti ” Pastef”. Une dissolution qui suscite des réactions au sein de la sphère politique sénégalaise. Interrogé ce mardi 1er août 2023 dans l’émission Mirador de FIM FM, l’ancienne Première ministre du Sénégal affirme que cette dissolution est un recul de la démocratie sénégalaise.
Dans ses propos, Aminata Touré se dit “inquiète” face à la situation qui prévaut dans son pays. Pour elle, cette décision de dissolution du Parti de Ousmane Sonko est « inédite » et consacre un retour en arrière de la démocratie au pays de la Terranga.
« Ceux qui connaissent le Sénégal savent que l’opposition a un passé dynamique depuis le président Senghor qui avait été contesté par l’opposant Abdoulaye Wade, mais il n’a pourtant pas dissous son parti. Ensuite avec l’arrivée du président Abdou Diouf l’opposant Abdoulaye Wade a continué son combat, il a été arrêté d’ailleurs plusieurs fois mais en aucun moment son parti n’a été dissous. Quand Wade est aussi arrivé au pouvoir, il a fait face à une opposition vigoureuse composée de l’actuel président et plusieurs d’autres. Ils ont formé des coalitions d’opposition avec des manifestations qui ont entraînées à l’époque des pertes en vies humaines, mais malgré tout cela aucun de ces partis n’ont été dissous. Pour dire que cette dissolution du parti et l’emprisonnement de Ousmane Sonko c’est pratiquement du jamais vu dans l’histoire moderne du Sénégal parce que la dernière datait de 1960. Donc il y a des inquiétudes », a-t-elle martelé.
Selon dame Aminata Touré, lorsque le président Macky Sall a annoncé qu’il ne veut plus de troisième mandat, cela a entraîné un soulagement au niveau de la population. Pour elle, le peuple sénégalais s’attendait à ce qu’il y ait une détente dans l’atmosphère politique, qu’il libère de nombreux jeunes qui sont emprisonnés, qu’il autorise des élections libres et transparentes avec la participation de Ousmane Sonko, mais à la surprise générale, c’est tout à fait le contraire qui se produit.
Plusieurs observateurs estiment que le pouvoir en place met tout en œuvre pour écarter Ousmane Sonko à la course lors des prochaines échéances électorales, une affirmation que soutient l’ancienne Première ministre Aminata Touré.
« Actuellement Ousmane Sonko est en prison donc il ne peut pas être candidat mais c’est une fausse solution à ce qu’il considère être un problème. Qu’est-ce que vous faites de ces électeurs, de ces sympathisants qui sont nombreux vous ne pouvez pas les dissoudre eux. Dans une démocratie à mon avis il ne faut plutôt aller dans le sens de l’exclusivité, même si le président ne se représente pas mais le soupçon est qu’il fait tout cela pour que son candidat passe c’est comme ça que cela est perçu et ce n’est pas une solution ».