Le Comité de pilotage du procès du massacre du 28 septembre 2009 a été mis en place ce vendredi 1er juin 2018. La cérémonie, présidée par le Premier ministre, Kassory Fofana, s’est déroulée au ministère de la Justice en présence des partenaires au développement et des organisations de la société civile.
Ce Comité de pilotage qui vient d’être installé a été créé par arrêté ministériel, le 9 avril dernier et est placé sous l’autorité du ministre de la Justice qui en assure la présidence et l’orientation stratégique. il est composé des 12 membres issus des institutions républicaines, de la Société civile et des partenaires au développement.
Dans son allocution, le premier ministre, Kassory Fofana, a réaffirmé la volonté du chef de l’Etat et du gouvernement à mettre en lumière le dossier du massacre du 28 septembre 2009. «Le processus a été longs, on est à près de 10 ans, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Nous voulons un procès équitable et transparent».
Le Comité de pilotage, précise le ministre d’Etat chargé de la justice, Me Cheick Sako, s’occupe essentiellement de préparer matériellement ce procès attendu depuis bientôt 9 ans. «L’arrêté de création du Comité de pilotage n’a pas été facile à prendre parce que tout est difficile dans notre pays. Logiquement, je devais prendre cet arrêté le 27 décembre 2017 à la clôture de l’instruction, mais ça n’a pas été facile. L’arrêté a été pris le 9 avril 2018 c’est-à-dire 4 mois après. Ce qui n’est pas normal. Ce qui est important c’est la volonté politique, les moyens matériels et financiers».
La présence des partenaires au développement au sein du Comité de pilotage se justifie, selon Me Sako, par le fait que «pour l’instant, c’est l’Union européenne et l’ambassade des États-Unis constituent les deux bailleurs de fonds qui se sont manifestés. Les systèmes des Nations unies aussi ont annoncé de fonds. On attend la matérialisation. Le Comité va chercher d’autres moyens vers d’autres partenaires parce que c’est un procès qui va durer à minima 6 à 8 mois. Vous avez vu le procès de Hissen Habre qui portait sur une seule personne, mais là on va avoir une quinzaine personnes qui vont être jugées et 450 parties civiles qui vont être auditionnées sans compter d’autres témoins et factuellement d’autres personnes impliquées peu ou prou qui vont s’expliquer à la barre».
La coordinatrice du système des Nations Unies, Séraphine Wakana, a promis de faire un plaidoyer pour que le Comité puisse trouver les moyens lui permettant de bien fonctionner. «Les travaux de ce comité sont importants parce que le procès ne pourra pas se tenir sans les moyens et sur ce, nous nous engageons à apporter l’expertise qu’on a toujours apportée. Mais, également à faire le plaidoyer pour que les ressources puissent être mises à disposition et que le procès puisse avoir lieu».
La présidente de l’association des victimes parents et amis du 28 septembre (Avipa) se dit satisfaite de l’évolution de la procédure judiciaire. «Je voudrais dire au nom de toutes les victimes qu’on est vraiment satisfait du processus qui commence à aller de l’avant. Notre rôle c’est de continuer à veiller, on ne va pas rester à côté et penser que tout est acquis. (…) Avec ce procès, le pays va sortir dans cette situation d’impunité. Il faut donc que le dossier du 28 septembre soit jugé pour que la Guinée puisse retrouver la voie normale parce qu’on est dans une obscurité totale», a déclaré Mme Asmaou Diallo.
L’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme (Ogdh) invite le comité à être diligent afin d’aboutir le plus rapidement possible à un procès. «En tant que défenseurs des droits de l’homme, nous sommes avec les victimes c’est vrai, et nous sommes partie civile dans ce procès, mais nous protégeons en même temps les accusés. Nous tenons à la présomption d’innocence comme à la prunelle de nos yeux. Il ne s’agit pas de faire du n’importe quoi, il sait pour la justice de nous aider à ce que la vérité se manifeste. Et que tous ceux qui sont impliqués que chacun en ce qui le concerne soit condamné ou acquitté en fonction de la conviction de la justice», a souhaité Elhadj Malal Diallo.