La croyance du complot ne peut se comprendre qu’en se replongeant dans les mentalités anciennes. Dans ce contexte médiéval, nous avons assisté dernièrement au début d’une sorte de chasse aux sorcières avec l’arrestation de certains éléments de l’opposition.
Cette situation caractérisée par l’acharnement de la branche répressive de l’État contre les voix dissidentes est inquiétante et doit cesser. Il faut rappeler que l’assassinat ou l’acharnement contre un opposant n’a jamais su anéantir l’opposition.
Notre Etat a bien sûr la possibilité d’agir et prévenir ce qu’il craint et pouvant porter atteinte à l’intégrité territoriale. Il serait plus raisonnable de privilégier ces méthodes que de procéder systématiquement à l’arrestation des acteurs socio-politiques.
Cela ne favorise pas la quiétude sociale et compromettrait la main tendue du Président de la République. C’est pourquoi j’ai demandé la mise en liberté immédiate de tous les détenus politiques et l’arrêt de toutes poursuites contre l’opposition politique.
La liberté d’opinion ou d’expression reste et demeure une unité de mesure de la démocratie formelle.
C’est dans ce cadre que l’ANAD conduite par l’UFDG a appelé à une marque pacifique ce Mercredi 25 Novembre 2020 pour demander la libération de ses membres. Mais la marche a été interdite par le Gouvernement sur toute l’étendue du territoire.
Au delà de cette interdiction, il faut reconnaitre que les guinéens sont fatigués des manifestations interminables et futiles.
Il faut les écouter, changer de stratégies, mettre la balle à terre et privilégier le dialogue.
Par ailleurs, depuis quelques jours, le débat sur l’éventuelle dissolution de l’Assemblée Nationale défraie la chronique.
Cette question est une autre forme de mépris et d’insulte au Peuple de Guinée qu’il faut vigoureusement dénoncer. C’est comme modifier une constitution déjà adoptée.
L’Assemblée Nationale est une des institutions pionnières de la démocratie indirecte et formelle.
C’est vrai que les règles concourant sa mise en place n’ont pas toujours été respectées chez nous, mais elle reste l’aboutissement de plusieurs actions consacrées par les guinéens : les uns ont soutenus jusqu’à l’installation définitive des Députés, les autres ont durement contesté.
Par ailleurs, dissoudre cette Assemblée revient à organiser une nouvelle élection, cependant, l’organisation des élections dans les dix dernières années a toujours tourné au fiasco dans notre pays. Nous courrons donc le risque d’exacerbation des distensions socio-politiques.
Par contre, il existe une question essentielle qui reste l’apanage de cette assemblée décriée : il s’agit de savoir si « la dissolution de l’Assemblée Nationale peut- elle résoudre la crise que traverse notre pays ? » Une réponse affirmative et objective à cette question pourrait peut-être nous amener à la dissolution.
On ne peut dissoudre une représentation populaire pour le plaisir des uns ou pour soulager les humeurs des autres. Cela devrait obéir des dispositions prévues par les lois.
Nous devons être solidaires et unis autour des valeurs communes et guinéennes.
Quand un Peuple est solidaire, le travail et la justice peuvent lui mener à l’émergence, mais le contraire le plonge dans un sentiment d’animosité qui ouvre à son tour des brèches permettant à l’ennemi de remettre en cause sa souveraineté.
C’est ce qu’à illustrer dernièrement la sortie deux poids deux mesures du Président Français.
Ceux qui ont une certaine idée de l’histoire commune de la Guinée et de la France, savent que la France n’a pas encore fini de penser sa blessure d’avoir été chassée de la Guinée par le Peuple de 1958, et cette blessure infligée continue d’être enseignée à la jeunesse française au détriment de la Guinée qui, malheureusement a démissionné et laissé l’éducation de sa jeunesse aux médias français et occidentaux.
C’est pourquoi je ne suis pas surpris de la récente sortie ratée du Président français Emmanuel Fréderic Macron. Cette déclaration illogique est une insincérité politique qui n’a pas lieu d’être débattue.
C’est une intervention partisane, intéressée et insensée. C’est pourquoi, notre parti, le Parti de la Libération Populaire, depuis sa création il y a un peu plus d’un an s’est engagé en faveur de la souveraineté à tout point de vue. Nous nous sommes toujours engagés en faveur de l’apaisement, de la promotion de la quiétude sociale et l’entente entre les guinéens.
Pour nous, la condition sine qua non du succès d’une ambition politique, est la compréhension nette de l’idéologie, de la vision et du sens du combat, par le Peuple dans sa diversité.
Raison pour laquelle, une délégation du Parti se rendra les mois à venir à l’intérieur et même à l’extérieur du pays pour expliquer la position du Parti pour non seulement élargir ses horizons mais aussi et surtout pour partager notre idéologie, celle de redonner la Guinée aux guinéens, pour qu’en fin la richesse de la Guinée puisse servir les guinéens.
Pour finir, il faut revenir sur le caractère précaire, compliqué et sensible de la situation socio-politique de notre pays. En effet, une bonne dose de patriotisme pourra nous permettre de surpasser nos différends et se tourner vers le développement de notre pays.
J’appelle l’ensemble des acteurs socio-politique de notre pays à privilégier le dialogue et surtout l’intérêt général.
Cheick Oumar TRAORE, Secrétaire général du Parti de la Libération Populaire.
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