Les habitants de la capitale guinéenne vivent une période de forte chaleur actuellement en plein mois d’août. L’on se croit être en plein mois de mars (le 15 notamment). D’aucuns parlent d’un changement climatique, mais un spécialiste lui, qualifie plutôt l’acte d’une variation du temps.
Est-ce réellement un changement climatique?
Cette question mérite être posée. Bon nombre de citoyens pensent que la rareté de la pluie en plein mois de saison hivernale (août) est bien “un changement de climat”. Le Directeur national adjoint de la météorologie Yaya Bangoura aborde le sujet d’une autre façon: “Quand on parle du changement climatique cela passe sur une longue période. Là, nous assistons à “une variation du temps”. Parce que le temps c’est la prévision que nous faisons aujourd’hui, donc la météorologie. Mais lorsque ça prend un grand espace,une très longue période on parle dans ce cas du changement climatique. Or, ce n’est pas le cas que nous observons”.
Ce que les citoyens observent à Conakry n’est pas un cas général au niveau de la Guinée ou dans certaines zones du pays, selon le spécialiste.
Récemment, dans l’ensemble, les prévisions saisonnières qui sont faites au niveau de la direction nationale de la météorologie ont déjà données que le sud de la Basse-Guinée allait avoir un déficit au cours du mois de juin, juillet et août qui n’est pas encore terminé. Et qu’un excédent serait observé vers la partie septentrionale (le nord de la Haute-Guinée, Koundara et Labé).
Peu de pluie et trop de soleil
“Si vous regardez la couverture nuageuse sur l’ensemble du territoire national par rapport à Conakry, vous trouverez qu’elle est plus élevée là. C’est quelque chose de purement ponctuel. Cette chaleur constatée est le taux d’humidité que vous avez à l’intérieur de l’air actuellement. Parce que quand vous avez une forte humidité, vous avez une sensation d’avoir des températures plus élevées. Lorsque vous êtes dans une région aride où il n’y a pas assez d’humidités et que la température monte jusqu’à 40 degrés, vous n’avez pas la même sensation. Vous pensez vivre plus aisément. Mais lorsque le taux d’humidité monte dans l’atmosphère vous aurez besoin de respirer par la bouche, la peau(…), tous les éléments contribuent à échanger avec le milieu. Et lorsque le taux d’humidité est élevé dans l’atmosphère cela augmente une sensation de chaleur au niveau de l’organisme” prouve monsieur Yaya Bangoura.
Face à cette rareté de pluie au mois d’août, le spécialiste de la météorologie mentionne que “pour qu’il y ait pluie, il faut qu’il y ait nuages. Et généralement lorsqu’on enregistre de grosses pluies dans une localité c’est des nuages qui ont un développement vertical qui donnent de grandes pluies. Ils sont vraiment localisés”, précise le directeur adjoint du bureau de la météorologie. Par contre, “quand c’est d’autres nuages qui s’étalent ils prennent beaucoup plus de temps et beaucoup plus d’espaces pour chuter”, ajoute-t-il.
Cependant, un cumul a été constaté par endroits. Du 1er janvier au 10 août par exemple, Conakry a enregistré 1939 millimètres en un jour. Or il devrait y avoir 2050 millimètres pour ce cumul. Kindia, quant à lui, a enregistré 993 mm, 6 quantités d’eau observées. Pourtant la normale dans cette ville est de 994.6. A Boké, il y a eu 1100 mm contre 996 mm d’eau observées. Mamou a observé 945 mm en 66 jours contre 906 en 4 jours. Si Faranah a observé 796 mm en 47 jours contre 818 mm en 72 jours, N’Zérékoré lui a observé 1076 mm de janvier en août, contre 1027 qui est sa normale, a fournit Yaya Bangoura, comme pour dire qu’il a eu un véritable excédent dans ces zones.
Néanmoins, l’on doit craindre aussi pour le calendrier agricole notamment à l’intérieur du pays. Le monde paysan pourrait se retrouver en face d’innombrables difficultés avec cette variation.