Une vive passe d’armes oppose depuis quelques jours l’ancien président de la transition guinéenne, le général Sékouba Konaté, et le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo. En toile de fond : le vieux dossier de la privatisation de la compagnie Air Guinée, une affaire régulièrement brandie par les détracteurs de l’ancien Premier ministre.
Invité de la chaîne Voxafrica, l’ancien chef de la transition de 2010 a remis sur la table le dossier Air Guinée, en accusant ouvertement Cellou Dalein Diallo d’avoir reconnu sa responsabilité dans la gestion controversée de cette privatisation. “Le gars qui dit maintenant qu’il a gagné en 2010, moi j’étais président des audits. Je sais. Ce dernier devait aller en prison. Parce qu’il a reconnu et signé tout. Ce jour-là, c’est moi qui ai dit non, il ne faut pas l’envoyer en prison, laissez-le”, a déclaré le général Sékouba Konaté.
L’ex-homme fort de la transition enfonce le clou : “Il n’a qu’à continuer à parler, parce qu’il y a d’autres choses que je dirai contre lui. Il devait aller en prison, parce qu’il a reconnu tous les faits. Les auditeurs étaient là : Maître Alfred Mathos, Hann, Massoud, feu Alhassane Onipogui. Ils savent qu’il a tout reconnu.”
Selon lui, Dadis Camara, alors chef de la junte en 2009, aurait envisagé d’incarcérer l’ancien Premier ministre : “Ce jour-là, il devait aller en prison. C’est moi qui ai dit non, laissez tomber, il ne faut pas l’envoyer. Les autres, on les a pris pour les envoyer en prison.”
La réplique ferme de Cellou Dalein Diallo
Des propos que le président de l’UFDG rejette catégoriquement. Dans une interview accordée à Guinee7.com, Cellou Dalein Diallo a dénoncé des “contre-vérités” et nié toute implication ou aveu dans le dossier Air Guinée. “Tout ce qu’il a dit, c’est des contre-vérités. Je n’ai jamais signé un document, je n’ai jamais reconnu quoi que ce soit. Dans l’affaire Air Guinée, je n’ai jamais été interrogé. Ni Ousmane Kaba, ni aucun inspecteur chargé de l’audit ne m’a convoqué”, a-t-il déclaré.
Le leader de l’opposition assure qu’aucune procédure ne l’a jamais concerné avant la période de transition actuelle. “À l’époque, je n’ai été accusé de rien. Les accusations sont venues bien plus tard, sous le CNRD. (…) Je n’ai jamais été interpellé, ni au temps d’Alpha Condé, ni de Dadis, ni de Sékouba. C’est seulement avec l’arrivée du CNRD qu’on a commencé à parler de blanchiment, de détournement ou de corruption des fonctionnaires.”
Et de préciser au sujet de l’agent judiciaire de l’État cité par Sékouba Konaté : “Jamais ! Matos ne m’a jamais interrogé, jamais convoqué. Je n’ai rien reconnu parce que je n’ai rien à reconnaître.”
Cette confrontation verbale ravive une vieille plaie de la vie politique guinéenne. Le dossier Air Guinée, vieux de plus de vingt ans, revient périodiquement dans le débat public, souvent à la veille des échéances électorales.
À quelques mois du scrutin présidentiel prévu en décembre 2025, cette joute entre deux figures marquantes de la transition de 2010 prend des allures de règlement de comptes politiques, dans un climat déjà tendu.