En prélude à la Journée mondiale pour la conservation de l’écosystème des mangroves, le 26 juillet 2023, notre rédaction a interrogé Richard Guilavogui, spécialiste de la biodiversité côtière. L’expert alerte sur les menaces qui pèsent sur la mangrove des côtes guinéennes par le fait des actions anthropiques, notamment, la construction des ports sans le respect des normes environnementales, le remblayage, la coupe abusive de la mangrove. Si rien n’est fait, alerte-t-il, l’écosystème de la mangrove est irrémédiablement menacé en Guinée.
Guinée360.com : Comment se présente la mangrove guinéenne ?
Richard Guillavogui : Notre mangrove se porte très mal. La Guinée a une grande chance parce que nous disposons d’une vaste étendue de mangrove, des côtes couvertes, ce qui favorise une forte production de poissons. De ce fait, on ne peut parler de la biodiversité côtière sans parler de la pêche parce que ces ressources sont de nature faunique. Cependant, nous exerçons beaucoup de pressions anthropiques sur la mangrove et les gens ne pouvaient pas essayer de régénérer ou replanter par le passé. Dans notre pays, 95% des fours de fabrication de pain n’utilisent que du bois de la mangrove. Ce fait peut nous amener à nous interroger parce le bois de mangrove quand il est encore cru, il apporte un goût très excellent aux pains. Cet ensemble d’éléments participe énormément à détériorer cette biodiversité qui nous est vitale.
Quels sont les facteurs qui participent à la dégradation de notre mangrove ?
Elles sont nombreuses. Premièrement, c’est la coupe désordonnée des bois de la mangrove utilisés pour produire du charbon et même dans la construction des bâtiments au lieu de le faire avec des barres de fers, comme dans d’autres pays. Deuxièmement, la pêche. Les femmes fumeuses de poissons qui n’utilisent que le bois de la mangrove dont rien ne se perd même les feuilles jeter à la mer se décomposent et nourrissent les poissons. Troisièmement, il y a la surexploitation minière, la construction des ports sans le respect des normes environnementales et sans compensation c’est-à-dire le reboisement parce que la norme voudrait qu’il y ait un reboisement à chaque fois qu’une zone est exploitée. Il y a tous ces facteurs qui dégradent notre mangrove et nous rapproche de plus en plus des conséquences du réchauffement climatique.
Est-ce qu’il y a une possibilité de restaurer cette mangrove déjà détruite ?
C’est vraiment possible à travers un système de reboisement. Il y a un système de construction qui nous empêche de le faire, il s’agit de la construction par remblais en lieu et place du système par pilotage. S’ils veulent autoriser les gens à construire autour des biais qu’ils leur soient exiger de le faire par pilotage afin de permettre à l’eau de trouver du chemin. La construction par système de remblayage a toujours été néfaste pour l’environnement et les personnes vivant dans les îles finiront par perdre leurs champs de culture parce que ça détruit nos côtes.
Quelles pistes de solution proposez-vous pour sauvegarder la biodiversité de la mangrove guinéenne ?
La première solution serait d’interdire le remblai de nos côtes, sensibiliser et éduquer la population sur les conséquences de ces différentes actions. Que l’État ait la force et la volonté pour aider la population parce qu’il reste le seul maître pouvant protéger notre environnement.