Les parties civiles Mohamed Fawaz et Ali Fares ont enfin témoigné devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) dans l’affaire Electromatic Guinée, le 29 mai 2023. Les deux responsables d’Electromatic Guinée ont porté plainte contre leur co-gérant, Ali Jichi, et ont eu l’occasion de présenter leur version des faits. Leur comparution fait suite à l’exigence du président de la cour, car ils étaient absents lors des premières audiences.
Ali Fares, associé d’Electromatic Guinée et résidant à Beyrouth, a expliqué qu’il reproche à Ali Jichi de se livrer à une concurrence déloyale en travaillant à la fois pour l’entreprise familiale (qui est une entreprise de construction) et pour Electromatic (un vendeur de matériel électrique). Il a déclaré qu’il ne pouvait plus lui faire confiance, ce qui a conduit à un audit révélant un virement effectué par l’entreprise familiale d’Ali Jichi, mais qui ne figurait pas dans les registres d’Electromatic.
Lorsque l’avocat de la défense a demandé si ce virement était en contrepartie d’une prestation effectuée par Electromatic, le plaignant a répondu par la négative. L’avocat de la défense a ensuite demandé si cet argent appartenait donc à l’entreprise familiale d’Ali Jichi, mais M. Fares a répondu que non, car cet argent se trouvait dans un compte bancaire d’Electromatic. Concernant la concurrence déloyale, l’avocat de la défense a interrogé M. Fares sur le fait qu’il était à la fois associé d’Electromatic et fournisseur de l’entreprise, ce à quoi M. Fares a répondu que cela était tout à fait normal.
Quant aux différentes plaintes déposées, notamment pour détournement, l’avocat de la défense a demandé à M. Fares quel préjudice Ali Jichi avait causé à Electromatic. M. Fares a expliqué qu’il ne le savait pas, mais qu’il reprochait à Ali Jichi d’avoir détourné un contrat de rénovation au profit de son entreprise familiale, ce qui constituait selon lui une concurrence déloyale envers Electromatic.
Après les interrogatoires de M. Ali Fares, le juge a appelé Mohamed Fawaz à la barre. Après plusieurs convocations, M. Fawaz, qui entretient une amitié de longue date avec le père d’Ali Jichi, a pris la parole pour raconter l’histoire de la relation entre les deux familles et la façon dont Ali Jichi est entré en relation avec Electromatic Guinée. Il a expliqué qu’Ali est le fils de son meilleur ami et a souligné l’importance de leur amitié de 47 ans. M. Fawaz a révélé qu’il avait fondé la société Electromatic Guinée et avait fait venir son neveu du Canada pour l’aider dans les affaires.
Cependant, M. Fawaz a déploré la mauvaise gestion de la société par son neveu, ce qui a conduit à la décision de fermer l’entreprise. C’est alors que le père d’Ali aurait demandé à M. Fawaz de confier la gestion de l’entreprise à son fils avec les ressources restantes. M. Fawaz a accepté et a embauché Ali Jichi en tant que salarié, ce qui a entraîné un inventaire de la société.
“Lors de l’inventaire, nous avons constaté la présence d’un montant d’environ 1 million de dollars. Ali Jichi m’a fait remarquer que cette somme ne correspondrait pas au prix des activités précédentes de l’entreprise, qui incluaient la vente de carreaux, de quincaillerie et de matériel électrique. La société avait diverses activités. Nous avons donc convenu d’établir le montant à 700 000 dollars”, a expliqué Mohamed Fawaz.
Contrairement aux déclarations d’Ali Jichi selon lesquelles il aurait hérité d’une entreprise au bord de la faillite avant de la redresser, M. Fawaz a affirmé que la société n’était pas en faillite car il en était le gérant. Il a souligné qu’il aurait personnellement réglé toutes les dettes s’il y en avait eu. Selon lui, les allégations selon lesquelles Ali Jichi aurait repris une entreprise en faillite étaient donc infondées. Il a clairement indiqué que si des dettes étaient dues, cela ne relevait pas de la responsabilité d’Ali Jichi.
“Quant aux allégations selon lesquelles Ali Jichi aurait pris possession d’une entreprise en faillite, je tiens à préciser que la société n’était pas en faillite car j’en étais le garant. Si j’avais des dettes envers quelqu’un, cette personne serait venue me les réclamer et cela ne concernerait en aucun cas Ali Jichi, qui était mon employé à l’époque.”
Les événements ont pris une tournure significative en 2018 lorsque le père d’Ali a approché M. Fawaz pour demander la participation de son fils dans l’entreprise. M. Fawaz a répondu en lui offrant généreusement 29% des parts de l’entreprise, sans aucune contrepartie financière. De plus, il a décidé de donner 20% des parts à Ali Fares afin d’alléger son propre fardeau.
Selon la défense de l’accusé, les plaignants n’ont pas pu démontrer le détournement du montant de 26 milliards lors de cette audience. Mohamed Fawaz et Ali Fares, ajoute-t-elle, ont plutôt reproché à Ali Jichi d’avoir lésé la société Electromatic-Guinée dont il était le gérant au profit de l’entreprise du père d’Ali Jichi.
L’audience a été renvoyée au 26 juin 2023 pour la suite de l’audition de Mohamed Fawaz.